Coronavirus : demande de soutien pour les clubs d’Ile-de-France

L'actu du CHRD — 18 septembre 2020


Toujours fermés, depuis le 15 mars et peut-être jusque fin avril 2021, les clubs, classés type P exclusif, sont confrontés aux plus grandes difficultés. A la demande de ses adhérents de Paris et d’Ile-de-France, le SNEG & Co va adresser un courrier aux pouvoirs publics de cette collectivité territoriale le courrier suivant. Les adhérents de type P exclusifs peuvent solliciter le SNEG & Co pour une démarche similaire adaptée.

 

Mesdames, Messieurs,

La crise sanitaire liée au Covid-19 que nous traversons aujourd’hui depuis maintenant six mois affecte considérablement l’économie de notre pays.

Tous les secteurs sont touchés, sans exception, et notamment celui du CHRD (Cafés Hôtels Restaurants Discothèques). Au sein même de ce secteur, les hôtels ont pu reprendre leur activité, même timidement faute de touristes. Les cafés et les restaurants ont aussi rouvert leurs portes, les extensions de terrasses leur permettant de faire face aux obligations sanitaires.

En revanche, les discothèques, les clubs classés type P salle de danse ne sont toujours pas autorisés à accueillir du public au motif que la pratique de la danse en lieu fermé suppose un danger en termes de propagation du virus. Qui plus est, aucune perspective ne se dégage au regard de la reprise de l’épidémie. Aucun retour à l’activité ne pourrait être envisagée avant fin avril 2021 selon la prolongation du régime d’exception ayant succédé à l’état d’urgence sanitaire, ce qui laisse supposer plus d’une année complète de fermeture !

Est-il besoin de rappeler que ces établissements sont des acteurs économiques et sociaux, créateurs de richesses et d’emplois. Outre leurs propres salariés, ils contribuent à faire vivre les secteurs de la musique et de l’événementiel. Ils font aussi travailleurs de nombreux fournisseurs et sous-traitants. Ils constituent encore une attractivité indispensable à la vie nocturne notamment pour le tourisme d’affaires.

Au-delà de l’aspect économique, les discothèques sont aussi des acteurs de cohésion sociale, ces lieux uniques où les populations issues de milieux divers se retrouvent sans distinction de classe, d’origine… Ils sont aussi des acteurs de prévention. Aux côtés des pouvoirs publics, des collectivités territoriales, ils participent depuis toujours à la sensibilisation de leur clientèle en matière de lutte contre les conduites addictives (drogue, alcool), les pratiques à risques et comportements sexuels (lutte contre les IST, le harcèlement). S’appuyant sur des agents de sécurité formés, ils contribuent au  respect de la tranquillité publique  .

L’Etat a mis en place des dispositifs d’accompagnement mais au-delà de l’activité partielle, de nombreux exploitants de clubs n’ont pu bénéficier du PGE ou du fonds de solidarité, faute d’éligibilité. Le fonds de solidarité dédié aux type P qui leur est particulièrement destiné, dont le décret est paru le 15 août dernier, n’est toujours pas opérationnel. Par ailleurs, il reste conditionné à des critères d’éligibilité excluant de nombreux exploitants.

Initialement destiné à couvrir les charges fixes des seuls mois de juin, juillet et août, à commencer par les loyers, le dispositif plafonné en termes d’aides est le même pour tous alors que les loyers sont d’un niveau largement supérieur Paris et en Ile-de-France. Qui plus est, rien n’est prévu à compter du mois de septembre, et nous y sommes déjà !

Aussi, au-delà de l’Etat, les exploitants franciliens ont aujourd’hui besoin du soutien de la Ville et de la Région. Par la présente, nous sollicitons :

– une prise en charge totale ou partielle des loyers pour les exploitants dont le bailleur est issu du secteur privé. Là où les bailleurs publics ont reçu une consigne d’exonération, les loyers demeurent une charge considérable pour laquelle les bailleurs privés ne consentent que très exceptionnellement une exonération ou une réduction. Outre l’iniquité de traitement face à cette charge, le dispositif d’inexécution de la clause résolutoire pour défaut de paiement prévu par ordonnance du Gouvernement est parvenu à son terme ce 10 septembre et aucun moratoire n’a encore été décidé.

– une intervention auprès de l’autorité préfectorale pour autoriser les établissements classés en type P, ou doublement classés en type N et P, d’ouvrir leurs portes en pratiquant l’activité de type N, celles des bars et restaurants. Selon ce modèle, les clubs fonctionnent à l’identique des débits de boissons, en accueillant une clientèle assise, masquée lors de ses déplacements, respectant la distanciation sociale.

– la mise en place de conventions d’occupations légales du domaine public où les exploitants pourront délocaliser une activité de type N, en débits de boissons, dans le respect des mêmes conditions évoquées ci-dessus. Outre le redémarrage de l’activité, ce dispositif permettrait de faire face aux « soirées sauvages » qui, bien qu’organisées sur le domaine public, se déroulent sans aucun respect des consignes sanitaires et se multiplient faute de contrôles et de sanctions.

A l’image de la ville de Berlin qui a débloqué 81 000 € pour chaque établissement, de la région Grand Est qui a décidé d’un budget de 300 000 €, le soutien financier de la Ville et de la Région est indispensable à la survie de ces établissements.

Au-delà de l’aspect financier, les exploitants désormais formés, responsabilisés, qui se sentent délaissés réclament votre soutien, témoignage de confiance à une profession qui ne soit plus considérée comme étant uniquement créatrice de nuisances et de désordres. Les travaux des Etats Généraux de la Nuit, puis du Conseil de la Nuit, l’expérimentation de l’ouverture nocturne du métro, pour affirmer la dynamique nocturne de Paris ne sauraient être anéantis par le contexte présent.

Les exploitants vous lancent ici un cri de désespoir, face à la menace qui pèse sur leur secteur d’activité. Face aux redressements judiciaires ou aux dépôts de bilan déjà actés ou qui menacent dans les mois à venir, il est urgent d’agir.

Nous demeurons à votre disposition pour évoquer ce sujet.

Nous vous remercions l’intérêt porté à la présente, et vous prions de croire, Mesdames, Messieurs, en l’assurance de notre considération.