20 ans, le bel âge…

L'éditorial — 4 avril 2011

Chers adhérents,

L’année 2010, année anniversaire des 20 ans de combats et d’actions du  SNEG  s’est déroulée  dans un contexte général oppressant. Depuis la naissance de notre structure, le sentiment  d’incertitude pour l’avenir, à entendre beaucoup d’exploitants, face aux difficultés à faire sereinement fonctionner son entreprise, n’est jamais paru aussi important.

 

La crise financière, puis économique à engendré  une profonde déstabilisation sociale et à présent politique, coïncidant a un déchaînement   de conflits et de faits de guerre à travers le monde. Cette situation alarmante, a ces dernières semaines été renforcée par de lourdes menaces écologiques pesant sur l’équilibre de notre planète et augurant de nouveaux défis à venir. Chacun, qu’il soit salarié, chômeur, étudiant ou entrepreneur, éprouve un sentiment  d’inquiétude pour l’avenir et de doute quant à la capacité de nos sociétés à rebondir  face à une actualité rapportant chaque jour son lot de mauvaises nouvelles. Le niveau abyssal de déficit des états des pays modernes opacifie considérablement les perspectives de retour vers une situation de prospérité économique pérenne. Malgré ce contexte décourageant, le SNEG a souhaité ne céder à aucune forme de défaitisme, au contraire.

 

Concernant son axe syndical, il s’est efforcé tout au long de l’exercice écoulé à apporter, lorsque qu’il était sollicité, le meilleur soutien et accompagnement de ses adhérents tant collectivement qu’individuellement. Afin de compenser le sentiment d’isolement de certain adhérents de régions se plaignant de façon récurrente d’un sentiment de parisianisme, négligeant les préoccupations des  exploitants implantés en province, nous nous somme efforcés, conformément à la dimension nationale de nos missions, à être le plus attentif possible aux adhérents implantés en régions. Pour ce faire, en parallèle de notre permanence juridique et syndicale, nous avons effectué des déplacements à Marseille puis à Lille, invitant les adhérents à venir à nous rencontrer, sur place, au plus près de leur implantation professionnelle. Bien que tenue à Paris, la permanence juridique du SNEG demeure ouvert à tous les adhérents, où qu’ils soient installés, partout en France. Celle-ci a été mise en place pour permettre a chacun d’entre vous, à tout moment, de solliciter notre présence à ses côtés pour nous faire part en toute confidentialité de problèmes  particuliers ou plus largement de toute inquiétude, suggestion ,voire critique concernant notre fonctionnement syndical.

 

L’activité syndicale du SNEG en 2010 a été marquée par l’entrée en vigueur du décret du 23 décembre 2009 émanant  du Code du Tourisme, autorisant l’ouverture jusqu’à 7 heures du matin sur toute la France à tous les établissements « ayant pour activité principale l’exploitation d’une piste de danse ». Cette mesure législative a été mise en place pour venir au secours de l’économie des discothèques très fragilisée par l’arbitraire de certains préfets. Ceux-ci n’hésitaient pas, dans certains départements, à privilégier leurs missions de maîtrise des risques accidentogènes et sanitaires liés au nomadisme routier et à la consommation d’alcool, au détriment des professionnels de ce secteur d’activité. Cette disposition à été vécue de façon disparate et controversée par un grand nombre d’établissements de régions. Certains d’entre eux, souvent dans les zones les plus isolées, en dépit de l’obligation du respect  d’une heure et demie blanche sans vente d’alcool avant la fermeture, ont vécu cette mesure comme un réel soulagement leur permettant de bénéficier d’un régime d’autorisation à caractère national. D’autres, notamment à Paris et dans d’autres grandes villes, ont jugé cette disposition contraignante et inadaptée, ne faisant que réactiver les tensions concurrentielles existantes entre organisateurs de soirées, exploitants de  discothèques et de bars à ambiance musicale.

 

Les États Généraux de la Nuit organisés par la ville de Paris et dont le SNEG a été désigné pour être  membre du comité de pilotage ont permis de balayer un nombre important de thématiques dont le bilan pourrait être élargi à l’ensemble du territoire français. Ils ont été l’occasion de nombreux débats, échanges, rencontres avec des représentants aussi variés que ceux de la puissance publique, des différentes organisations professionnelles ou encore  des riverains. Ces débats avaient pour but de créer un état des lieux objectif des activités de la nuit en prenant  en compte tout ce qu’elle apportait de bienfaits : économiques, attractivité touristique, source de plaisirs et harmonie sociale, si nécessaire dans ces temps de crise, au bon fonctionnement de nos sociétés. Il en est ressorti l’expression attendue de vifs conflits d’intérêts entre les professionnels et les riverains.

 

Le SNEG en amont à prôné tant auprès des autorités que des riverains une posture constructive. Indépendamment de la seule responsabilité des exploitants, il a notamment rappelé le rôle  déterminant  des usagers pour lequel on devait travailler ensemble dans la mise en place  d’outils et  de dispositions visant à responsabiliser leurs comportements. Plutôt que d’envenimer des polémiques stériles et improductives, fidèle a sa politique de dialogue, le SNEG a préconisé une recherche collégiale de solutions efficaces et pérennes. Aux Etats Généraux de la Nuit comme ailleurs et tout au long de l’année, le SNEG a souhaité placer au cœur des débats des principes de médiation et de prévention permettant de neutraliser les radicalités des uns et des autres, tout en exprimant la sincère volonté des exploitants a participer activement au « mieux vivre ensemble ». Cet événement à permis à nouveau de mesurer à quel point l’interdiction de fumer est venue bouleverser tous les équilibres citadins.

 

De ce point de vue, il est réjouissant de constater pour l’année 2010, coïncidence ou non, que  les campagnes préventives syndicales dédiées à sensibiliser les exploitants pour mieux les accompagner, ont permis une absence totale de sanction administrative pour l’ensemble de nos adhérents en régions comme à Paris.

 

La réforme des terrasses, à Paris ou ailleurs, visant a recadrer de façon plus stricte leur réglementation, le renforcement annoncé des mesures autour de la sécurité routière, le déplafonnement disproportionné et arbitraire des cotisations parafiscales de la SPRE et de la SACEM, la loi obligeant l’ensemble des établissements recevant du public à se conformer a l’accessibilité a l’handicap d’ici 2015, le risque accru d’une nouvelle montée en charge de l’état concernant la commercialisation des poppers, la banalisation de l’usage des stupéfiants, réel danger  pour la santé de nos publics et  menace administrative considérable pour les exploitants refusant une posture responsable et volontaire… : tous ces sujets parmi tant d’autres définissent par avance les grandes lignes de notre feuille de route pour l’action syndicale 2011 et justifient plus que jamais notre combativité à défendre au mieux les intérêts de nos professions.

 

Pour ce qui concerne notre axe prévention, nous laissons derrière nous une année 2010 chargée de paradoxes. D’un côté, l’ensemble de nos partenaires et bailleurs institutionnels reconnaissent l’efficience et la dynamique de nos missions de prévention. Les différents rapports d’experts mandatés par le ministère de la santé attestent de la rigueur et de la pertinence de nos actions de prévention. Ils préconisent unanimement le renforcement de nos moyens pour permettre l’élargissement de nos missions au secteur internet et à la population échangiste. Plus globalement, nous pouvons être fiers et être reconnaissants, face aux prises de risque qui demeurent, de la mobilisation et de l’engagement sans faille autour de la santé gay des professionnels concernés. De l’autre, nous avons appris début 2011, une coupe budgétaire représentant 14 % de notre socle financier. Même si cette mesure de restriction s’appliquera à l’ensemble des associations de santé dans le cadre d’un plan général de maitrise des dépenses publiques, cette décision contraire à l’urgence de notre développement ne sera pas sans lourdes conséquences face aux comportements à risque des nouvelles générations. Cette décision est d’autant plus aberrante lorsque l’on connait le cout que représente, indépendamment des dommages humains et sociaux induits, chaque nouvelle contamination.

 

Malgré l’importante charge de travail, tant sur notre axe syndical que sur celui de la prévention, nous ne manquerons pas de pugnacité a défendre au mieux les intérêts de chacun d’entre vous afin de préserver le bien être, la santé et la dignité de nos publics auquel vous êtes vous-mêmes tant attachés.

 

Dans cette période d’incertitude et de crise, je souhaite à chacun d’entre vous le plus de courage et de succès possible et vous renouvelle l’assurance de notre détermination à vous accompagner le mieux possible.