Coronavirus : pas de répit pour Vivre Le Marais

L'actu du CHRD — 8 avril 2020


Dans un article du 7 avril paru sur son blog, l’association Vivre Le Marais (lire ici), relaie la demande de Vivre Paris ! (fédération d’associations de riverains) de s’entretenir en visio-conférence avec Jean Castex, chargé par le Premier ministre de la « coordination d’un groupe de travail interministériel pour réfléchir à la stratégie de déconfinement ».

Rappelant son militantisme « pour le respect de l’espace public, la maitrise du tourisme festif, le contrôle de la consommation nocturne de boisssons alcooliques, la régulation du cadre de vie des espaces ouverts, le droit à la tranquillité et au sommeil des habitants », la fédération exprime avec élégance son souhait de « partager avec ce haut fonctionnaire (son) analyse de la situation et (ses) recommandations pour l’avenir », ce qu’il convient de traduire, de façon moins élégante, par : quand tous ces établissements vont rouvrir, pas question qu’ils recommencent à nous pourrir la vie !

D’abord sur un registre faussement compassionnel (« Il n’est pas question de s’acharner sur des établissements à terre aujourd’hui, condamnés avec le confinement à fermer leurs portes… »), l’article illustré de deux photos légendées « Rassemblements nocturnes et alcoolisation dans les IVe et  XIe arrts…. » reprend vite le ton des publications habituelles du blog dénonçant « les excès et les facéties » des établissements et de leur clientèle (« … et d’exploiter dans notre rhétorique les aberrations constatées et dénoncées hier, notamment les rassemblements de foules de consommateurs à l’intérieur, sur les trottoirs et sous les fenêtres des habitants qui ont vécu l’enfer de nuits sans sommeil »).

Oui, les établissements sont à terre aujourd’hui, certains risquent de ne pas se relever. Pour autant, ceux qui rouvriront trouverons encore l’association de riverains sur leur chemin, comme en témoigne la suite de l’article qui évoque le souhait de « nous exprimer auprès de Jean Castex sur les enjeux des modes de déconfinement dans nos quartiers caractérisés par une surpopulation, l’indiscipline des exploitants et des consommateurs, une certaine discordance dans l’attitude des autorités : préfecture de police et mairie de Paris. Nous craignons un encouragement au laxisme, un manque d’effectifs de contrôle, le rejet social des mesures de déconfinement, leur mauvais décodage par les populations, la difficulté de leur mise en œuvre réelle, et pour finir les résistances à l’application d’une politique efficace de déconfinement avec un risque d’échec et de rebond dévastateur ».

A la lecture de ce lignes, on entend déjà le verdict : s’il se présente une deuxième vague de pandémie, ce sera la faute aux établissements et à leur clients. On est pas loin des prédicateurs qui ont invoqué une punition divine pour justifier le covid-19. En évoquant des arguments sanitaires pour revendiquer une tranquillité publique à hauteur de celle connue à l’heure de la fermeture de tous les établissements, Vivre Le Marais ne se grandit pas et ses représentants ne sont pas les observateurs avisés, modérés et raisonnablement objectifs qu’ils prétendent être.

Quand Vivre Le Marais redoute déjà le retour à la vie d’avant, les établissements se demandent eux quand ils pourront enfin rouvrir, pour ceux pour ceux qui le pourront encore, et si oui, dans quel état, dans quelles conditions ? Parce qu’au-delà du contexte économique, les établissements comptent déjà leurs morts, parmi les exploitants, les salariés, les clients, laisser entendre qu’ils puissent n’être pas responsables à l’heure du déconfinement est une offense inacceptable, un argument indigne.

Enfin, nous sommes prévenus, il n’y aura pas de répit !