Agressions homophobes : Paris veut se mobiliser

Le SNEG — 25 octobre 2018

HomophobieQuelques jours après la manifestation de la place de la République à Paris contre les agressions de personnes LGBT, le nouveau premier adjoint à la Maire Emmanuel Grégoire, nommé après le départ de Bruno Julliard, conviait les associations signataires de cet appel à manifestation, dont le SNEG & Co, en mairie de Paris.

Cette première réunion avait pour objet de recueillir la parole des acteurs LGBT et de commencer à définir des solutions pour sécuriser l’espace public, des outils de communication pédagogique et travailler à l’accompagnement des victimes.

La Préfecture de Police de Paris était bien sûr présente à cette réunion, représentée par le sous-directeur de cabinet du Préfet. Le Parquet était aussi autour de la table, représenté par le substitut du Procureur de la République. Les autorités policière et judiciaire ont indiqué pour 2017 l’enregistrement de 137 dépôts de plaintes pour menaces et agressions à caractère homophobe, 87 dépôts de plaintes pour 2018 jusqu’à ce jour du 24 octobre. Face à ce constat de diminution, contradictoire avec les chiffres de SOS Homophobie (60 dossiers suivis après dépôt de plainte en 2017, 120 en 2018 à ce jour du 24 octobre), elles sont convenues l’une et l’autre l’absence de corrélation entre plaintes déposées et nombre réel d’agressions, toutes les agressions ne donnant pas forcément lieu à un dépôt de plaintes quant à l’inverse, la médiatisation via les réseaux sociaux donne au phénomène une notion d’augmentation.
La géolocalisation des agressions pointe notamment le secteur Nord Est de la capitale mais en réalité, tous les quartiers sont exposés. En revanche, le profil des agresseurs est orienté vers une typologie unique de mineurs pré adultes ou de jeunes majeurs.

Face à une importante représentation d’associations LGBT, lesquelles se sont montrées dubitatives face aux réponses que peuvent apporter police et justice face à ces agressions, le substitut du Procureur de la République a expliqué le suivi des plaintes depuis leur enregistrement jusqu’à une éventuelle décision de justice devant le tribunal correctionnel. Le chef de la Direction Territoriale de Sécurité de Proximité de Paris a quant à lui été plutôt malmené sur le sujet du dépôt de plainte : là où il a évoqué des personnels formés à l’accueil et au caractère aggravant des agressions à caractère homophobe, les associations ont témoigné d’un vécu inverse : manque d’accueil et de considération, méconnaissance du sujet et en l’occurrence du caractère aggravant voire au pire, un dépôt de plainte recueilli entre sourire et mépris, notamment  l’endroit des personnes transsexuelles. Flag ! elle-même, l’association des policiers LGBT a témoigné du déficit en la matière !

Le sous-directeur du cabinet du Préfet a toutefois rappelé que le dépôt de plainte est un préalable indispensable à tout recensement chiffré, à toute enquêté de police et instruction judiciaire. Un dépôt de plainte sous moins de 24 h, voire 48 h au plus tard permet une meilleure investigation. La personne agressée peut aussi bien se rendre dans un des 19 commissariats centraux parisiens ou appeler le 17. Et, en cas de dysfonctionnement dans l’enregistrement de la plainte, il a rappelé l’existence du portail de l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) pour signaler un ou des comportements susceptibles de mettre en cause des agents affectés dans un service de la police nationale.

Les débats ont, deux heures durant, pris inévitablement une tournure politique entre témoignages des représentants d’associations LGBT militants d’HES, de Gay LIb, d’EELV ou encore d’Act Up, certain(e)s, ne pouvant d’empêcher comme à leur habitude de semer le trouble auprès des institutionnels en apportant des témoignages hors sujet strictement personnels ou encore semant la désunion au sein de notre propre communauté.

Au final, Emmanuel Grégoire a résumé les principaux points devant donner matière à poursuite des échanges :
– mise en place d’une campagne de communication pédagogique autour populations des LGBT dénonçant les agressions à leur encontre, médias traditionnels et réseaux sociaux
– sensibilisation des publics scolaires
– sécurisation dans les transports en commun
– formation des agents des services de police
– garantir une réponse pénale pour sanctionner les agresseurs

Flag ! et SNEG & Co ont pour leur part proposé un service dédié pour le dépôt de plainte et vont ensemble travailler à la réalisation d’un outil commun diffusé dans les établissements pour inviter les personnes agressées à déposer plainte dans les meilleures conditions.