Bordeaux : les clubs de Paludate menacés ?

L'actu du CHRD — 17 septembre 2012
A Bordeaux, le projet Euratlantique, Opération d’Intérêt National, prévoit de transformer les alentours de la gare Saint-Jean et notamment le quartier Paludate, en zone urbaine comprenant logements et bureaux, commerces et ateliers artisanaux, infrastructures touristiques et de transports.
Son directeur, Philippe Courtois, a semé le trouble ce dimanche 16 septembre 2012, en déclarant : « Paludate est devenu une entreprise massive de vente d’alcool la nuit. Cela paraît incompatible avec notre projet urbain et l’évolution de ce secteur vers un quartier de jour ». Des propos qui pointent les nuisances, la détérioration urbaine, les violences et toutes les formes d’incivilité que connaît cette zone nocturne.  De quoi raviver l’inquiétude parmi les patrons des quelque 30 clubs qui sont installés dans ce périmètre, la rumeur d’un projet de délocalisation des discothèques de Paludate circulant en effet depuis l’origine du projet Euratlantique en 2009.
Problème : sur l’acquisition du foncier, Euratlantique ne se montre pas très généreux. Ainsi, pour des murs estimés à 3,6 millions d’euros, l’OIN n’offrirait que 1,3 millions ! Si certains exploitants se disent tranquilles, ne croyant pas à une quelconque préemption ou éviction, d’autres prennent les choses plus au sérieux.
Julie Rodriguez, responsable du plus important complexe de nuit dont Le Shine, adhérent du SNEG, est aussi présidente de l’association des commerçants de Paludate. Celle-ci déplore : « Malheureusement, nous ne sommes pas informés sur notre avenir. Les déclarations du directeur d’Euratlantique ne sont pas favorables aux discothèques. Mais on a parfois des bruits qui disent qu’on va rester… Tout cela montre que personne n’est fixé, on reste dans le flou, c’est peut-être intentionnel ».
Du côté de la ville, l’adjoint au Maire du quartier Alain Moga a fait part de son étonnement, déclarant : « Philippe Courtois n’avait jamais dit ça… » Michel Duchêne, autre adjoint chargé notamment de la stratégie urbaine se veut plus rassurant : « Le patron, c’est Alain Juppé, pas Philippe Courtois. La position de la ville, c’est que les discothèques doivent s’adapter à un quartier qui va devenir diurne et nocturne mais qu’il n’est pas question de les éradiquer. Le quartier doit muter, mais toutes les discothèques ne doivent pas partir. Pour celles qui sont installées près des bureaux vides la nuit, qui sont parfaitement insonorisées, il n’y a pas de problème (…) D’autres qui ne réunissant pas ces conditions devront peut-être partir (…) Si on demandait un déplacement, ce ne serait pas simple, il faudrait trouver d’autres lieux et indemniser. Ce qui ne peut plus perdurer, c’est la mono activité nocturne (…) Philippe Courtois a une vision technique et opérationnelle, mais il ne faut pas oublier la dimension humaine et économique. Je rappelle que la ville de Lyon est venue voir Paludate comme exemple de quartier de nuit ». La position d’Alain Juppé pourrait effectivement être décisive : actuellement présidé par Vincent Feltesse, par ailleurs à la tête de la Communauté Urbaine de Bordeaux, Euratlantique sera prochainement présidé par le maire de la ville, lequel n’a pas encore pris de position officielle sur cette question. En attendant, reste que la vigilance demeure…