Fermetures administratives : c’est la loi qu’il faut changer
L'actu du CHRD — 27 septembre 201930 jours de fermeture administrative pour NF 34 (ex Nuits Fauves) pour un cas de consommation de GHB/GBL par un client passé par la case hôpital en juillet. 30 jours de fermeture administrative pour Dehors Brut où un jeune clubber est décédé début septembre après consommation d’ecstasy. Certes, dans le second cas, il s’agit là d’un drame que personne ne peut contester, que personne ne conteste.
Toutefois, à quoi sert une fermeture administrative de 30 jours prononcée contre un établissement sur le motif de consommation de produit stupéfiant dans son enceinte ? Surtout si ledit établissement investit dans la prévention, s’attache à la sensibilisation de la clientèle sur ce sujet ? Qui sait où le produit a été acheté ? Et consommé ? A qui ? Quand ? Et comment ? Etait-ce avant ou après être arrivé dans le club ? Quid de la responsabilité des amis qui accompagnaient le jeune homme en question ce soir-là ? Et pourquoi n’ont-ils pas veillé sur lui ? Face à toutes ces questions, sans réponses, le Préfet de Police décide pourtant une fermeture. Il fait son travail, il applique la loi. C’est donc la loi qu’il faut changer !
Fermer un établissement pour des motifs de manquement à la sécurité, à l’hygiène, cela a du sens : le temps de la fermeture, les exploitants se mettent aux normes de sécurité, rétablissent les conditions d’hygiène. A l’inverse, hormis être pénalisé dans son économie, que peut faire de plus l’exploitant durant une fermeture administrative pour un fait de consommation de stupéfiants ? Rien n’est à rétablir. Et le problème ne disparaît pas pour autant ! Le trafic et la consommation de stupéfiants se poursuivent, dans les rues, dans les appartements privés, dans d’autres clubs pas plus armés que celui déjà fermé pour faire face à ce phénomène… La boucle est bouclée. Pas de solution !
Le gouvernement dépêche des ministres à Marseille, dans les quartiers sensibles, là où les dealers et les guetteurs font la loi. C’est là qu’il faut agir ! En luttant contre le trafic. Sans trafic, pas de consommation. Et pendant ce temps, sur les murs de Paris, fleurissent des affiches jaunes et vertes d’une société luxembourgeoise qui vend sur son site un produit dérivé du cannabis ! « A partir de 2,20 € le gramme » est-il écrit en gros caractère. Si le produit est légal au Luxembourg, il ne l’est pas en France. Et que font les autorités ? La Mairie dépose plainte… pour affichage sauvage, et prévient la Préfecture de Police. Mais que fait cette dernière ? Agira-t-elle aussi vite et aussi sévèrement qu’à l’encontre de Dehors brut ? A suivre…
La presse s’empare du sujet. Dans son numéro 2, en pages 8 à 11, le magazine gratuit Strobo Strobo publie un dossier sur le lien entre fête et drogue et un billet sur la réponse inadaptée des autorités. Le média en ligne Loopsider propose un reportage avec les témoignages de Fred Bladou de Aides et de Frédéric Hocquard, maire adjoint de Paris chargé de à la Vie nocturne. Frédéric Hocquard qui, après avoir condamné la décision de fermeture de l’établissement par la Préfecture de Police, a réuni le monde de la nuit en mairie de Paris (photo). Organisations professionnelles, exploitants, associations de prévention et autres acteurs de la vie nocturne ont plaidé pour plus de prévention, plus de sensibilisation de la clientèle. Ils ont aussi demandé que la Préfecture de Police prenne en compte les dispositifs mis en place par les établissements pour que ne soient pas sanctionnés ceux d’entre eux qui oeuvrent de leur mieux pour éviter que dans leurs murs, des soirées avant tout festives, ne virent au drame. Là encore, ce n’est pas ce que prévoit la loi, c’est pourquoi c’est la loi qu’il convient de changer !