GHB : réunion avec la mairie de Paris
L'actu du CHRD — 2 décembre 2021
Le maire adjoint à la Vie nocturne Frédéric Hocquard a organisé en urgence une réunion en visioconférence ce mercredi 1er décembre. Celle-ci avait pour objet de faire point de situation sur la vie nocturne avec à l’ordre de jour :
-« la prévention en milieu nocturne suite notamment aux récents témoignages et plaintes de personnes droguées à leur insu au cours de soirées »
-« point sur la situation sanitaire qui se tend et, nous l’imaginons, vous préoccupe pour les semaines qui viennent »
Ce second point n’a finalement pas été abordé, à notre grand regret, car les 90 minutes de la réunion ont été exclusivement consacrées au premier point autour du #Balancetonbar
Mairie, Préfecture de Police, APHP, associations de prévention et surtout une multitude d’associations féministes participaient à cette réunion. Les 60 premières minutes ont été consacrées à leur prises de parole, avant que les premiers intervenants professionnels, pourtant directement incriminés à travers ce #, ont pu enfin s’exprimer !
Dans sa prise de parole, le SNEG & Co a indiqué qu’il n’était pas question de nier le phénomène, même s’il est principalement un épiphénomène médiatique, ni de nier les témoignages de victimes.
Toutefois, comme tous les participants ont semblé en convenir, le #Balancetonbar (lancé par la jeune féministe belge Dounia Salimi) est particulièrement mal choisi et mal repris dans la mesure où les actes de soumission chimique se déroulent majoritairement dans la sphère privée et qu’ils sont souvent aussi le fait de proches des victimes. #Balancetonvioleur, #Balancetonpervers ou encore le déjà usité #Balancetonporc auraient été plus pertinents.
Laisser entendre qu’un exploitant ou ses salariés puisse être négligent, voire complice des utilisateurs de GHB n’a pas de sens au regard des risques encourus pour l’établissement, jusqu’à la fermeture administrative. Pas plus que les appels à boycott des bars et des clubs.
Nous avons indiqué que de très nombreux adhérents se sont vus incriminés sous ce # sur Instagram, démunis face à l’anonymat des messages et du peu de moyens d’agir hormis d’activer la fonction « signaler un abus ». Les victimes doivent aussi, si ce n’est sur l’instant, se présenter plus tard auprès de l’établissement pour signaler les faits et faire en sorte que l’exploitant soit informé en direct et non via les réseaux sociaux !
Revenant sur les campagnes de prévention (affiches, flyers…), sur la sensibilisation et formation faites aux exploitants et salariés et notamment les agents de sécurité, nous avons évoqué la possibilité d’outils, à commencer par les couvercles de verres. Certaines associations de lutte contre les violences faites aux femmes semblent ne pas se satisfaire d’un tel dispositif, au motif qu’il serait stigmatisant, faisant portant la responsabilité de la soumission chimique aux victimes. D’autres attendent des dispositifs adaptés à l’âge, au genre des victimes…
La loi Schiappa de 2015 prévoit une peine de 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour les auteurs d’acte d’abus sexuels par soumission chimique, c’est donc les agresseurs qu’il convient d’identifier et de sanctionner, pas les établissements.
A ce jour, sur Paris, la nouvelle Procureur de la République Laure Beccuau a indiqué que six établissements de nuit ont été mis en cause et ont fait l’objet d’une fermeture administrative depuis début 2021 pour des violences faites aux femmes, sans que la consommation ou l’administration puisse être établie ». Seuls deux établissements, situés dans le 18è arrondissement, font actuellement l’objet d’une enquête autour de faits relavant de la soumission chimique par GHB.
Campagnes de sensibilisation des clients, formation des salariés, mise en place de dispositifs préventifs type couvercle de verre que pourraient fournir gracieusement les alcooliers, de safe place pour accompagner les client(e)s en danger ou les victimes… le SNEG & Co est disposé à toutes les mesures pour endiguer le phénomène. Toutefois, ne pas se tromper de cible et admettre que c’est là une question de responsabilité collective.
Lire ici le compte-rendu des échanges des participants à la réunion.