Hairspray : good morning Baltimore

Scènes — 26 avril 2011

Après avoir fait un triomphe à Broadway, la version française de la comédie musicale « Hairspray », adapté du film de John Waters de 1988, débarque à Paris pour une série de représentations. Et même si le spectacle ne fait pas salle comble, c’est un bon moment de comédie musicale et surtout un retour nostalgique dans les années 60, mais avec des arrangements résolument modernes. Exit le twist, la comédie musicale n’a gardé de cet époque que les codes capillaires et vestimentaires, ainsi que les problèmes d’intégration et de ségrégation qui sont toute la trame du spectacle.
L’histoire de Tracy, une adolescente un peu forte, qui rêve de participer au « Corny Collins show », émission de chant et de danse où se produit la jeune élite blanche de Baltimore. Tracy rencontrera le succès, mais aussi l’amour et surtout l’envie de changer les choses pour que les noirs et les blancs se mélangent. Aidée dans cette tâche par Link, son prétendant, Seaweed, un jeune noir talentueux en danse et en chant, Penny, sa meilleure amie un peu niaise et Edna, sa mère tout aussi énorme qu’elle (voire bien plus), elle devra affronter la terrible Velma, productrice de l’émission et raciste invétérée.
Alors c’est sûr, les décors sont modestes et se limitent à quelques murs mobiles en carton-pâte, ce n’est pas le déballage de moyens qu’on a pu voir dans « Les 10 commandements » ou « Le Roi Soleil ». Mais quand on sait que de toute évidence « Mamma mia » disposait d’un budget bien plus important pour des décors similairement simples, « Hairspray » n’a pas à rougir de la sobre qualité de ses décors. Les costumes sont à la fois risibles et crédibles, mais surtout typiquement caractéristiques de l’époque. Quand aux coupes de cheveux, elles sont impeccables et il n’aurait pu en être autrement compte tenu du titre du spectacle et du sponsor du « Corny Collins show » : des brushings improbables, des boucles parfaites et des mèches qui ne bougent pas expriment la personnalité de chaque protagoniste.
Le film de John Waters ayant fait l’objet d’un remake couronné de succès en 2007 avec un casting prestigieux (John Travolta, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken, Queen Latifah, James Marsden, Zac Efron…), les titres sont aujourd’hui connus de tous et au moins de ceux qui viennent assister au spectacle. Contrairement à la plupart des comédies musicales qui sont adaptées de la scène à l’écran, « Hairspray » suit le chemin inverse et donc les chansons qui ne sont pas présentes dans le film sont rares. On retrouve donc avec plaisir les grands classiques du film « You can’t stop the beat », « Without love », ou encore « Welcome to the 60’s », des rythmes entraînants et très agréables, même si la version française peut sembler parfois un peu douteuse. Les chorégraphies sont le must du spectacle :  ça bouge, ça danse, ça swingue. Près d’une trentaine de danseurs sont présents sur scène et les chorégraphies de groupe, pleinement inspirées des années 60, sont un véritable plaisir des yeux.
On retrouve sur scène Lola Ces dans le rôle de Tracy, tout à fait à son aise dans son personnage hors-normes. On avait pu la découvrir dans la récente comédie musical « Cendrillon » dans le rôle d’une des méchantes sœurs et on pourra la retrouver à la rentrée dans la superproduction de Kamel Ouali : « Dracula, l’amour plus fort que la mort ». A ses cotés, d’autres noms de la comédie musicale : Julien Husser, qui a déjà joué dans »Aladin » ou « Anne Frank », reprend ici le rôle de Link ; Edouard Thiébaud, que l’on a pu voir dans le spectacle musical « Il était une fois… Joe Dassin », joue (encore?) les maîtres de cérémonie dans la peau de Corny Collins. Caroline Devismes joue à merveille Velma aka « Miss Baltimore Crabs » d’une voix unique et puissante. Parmi tous ces artistes de talent, un seul bémol vocal : Franck Vincent dans le rôle d’Edna ne joue pas un instant la féminité dans la voie et parie sur un timbre rauque et viril qui ne convainc pas.
Sans surprise lorsqu’on a vu le film, on passe malgré tout un bon moment devant cette version francophone de « Hairspray ». On rit un peu, on sourit beaucoup, l’humour second degré est distillé ça et là avec efficacité, bien que trop rarement. La part belle est surtout faite à la danse et aux chorégraphies qui font pétiller les yeux.
Pour le SNEG, Duarte http://duartelittle.skyrock.com/
« Hairspray » au Casino de Paris, 16 rue de Clichy 75009 Paris jusqu’au 29 mai 2011. Réservations : 08 926 98 926.