La belle au bois de Chicago : déjanté et drôle

Le SNEG soutient, Le SNEG vous recommande, Scènes — 26 juillet 2012

C’est à une pièce à l’énergie hors du commun qu’on a le plaisir d’assister en allant voir « La Belle au bois de Chicago ». Portée par un trio d’acteurs probablement dopés aux amphétamines, cette pièce raconte l’histoire de Jeanne, une productrice (et femme de producteur surtout) qui, suite à la mort de l’acteur principal de sa comédie musicale (qui a eu la bonne idée de mourir à 3 semaines de la première), improvise de remplacer celui-ci par le pompier du théâtre, dont les talents artistiques semblent plutôt approximatifs. Pour les accompagner, le narrateur malgré lui de cette production, tentera tant bien que mal d’apporter un peu de rigueur et de professionnalisme à toute cette effusion de divagations et de délires en tout genre.
Ce spectacle pourrait trouver sa définition dans nombre d’adjectifs : déjanté, délirant, hilarant, drôle, caustique, surprenant… « hygiénique » aussi pour un soir, suite à un défi lancé par les comédiens eux-mêmes avec le public, que les acteurs ne cessent d’utiliser et de prendre à partie (pauvre Sophie). Jeux de mots, parfois faciles, mais à la fois bien placés, références multiples au quotidien, voire à l’actualité, le jeu de scène et les répliques semblent parfois décousues comme elles peuvent aussi relever d’un réel travail d’écriture et de mise en scène pointilleuse. Le chant et la danse viennent alors se mêler à tout ça pour nous proposer, à nous public imprévu, cette « répétition » de comédie musicale qui est parfois à la limite de virer à la tragédie grecque. On sourit, on rit, on s’esclaffe, on jubile et jamais on ne s’ennuie.
Mais si le tout est aussi drôle, ce n’est pas seulement grâce à l’écriture ou la mise en scène des trois comédiens, c’est aussi le jeu et la personnalité des personnages et de leurs interprètes. Avec sa propre personnalité et un réel talent pour le chant, mais dans une gestuelle et un style qui n’est pas sans rappeler Florence Foresti, Géraldine Brandao joue Jeanne, la productrice, actrice… et d’autres trucs en « trice ». Sans jamais s’épuiser, complètement folle et hystérique, elle hurle à tout va, s’énerve à la moindre contrariété et elle allume tout ce qui bouge.
Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si c’est un pompier, Philippe, incarné par Rom’aric Poirier, qu’elle choisit pour remplacer son premier rôle. Celui-ci est un cliché parfait du pompier : beau, sexy, fort… et complètement abruti (désolé messieurs les pompiers, mais ce n’est que de l’humour). Il ne comprend rien, et lorsqu’il comprend, c’est de travers. Il essaye d’être drôle avec ses partenaires, mais tombe toujours à coté… Le public, lui, est hilare ! A celui-ci on reconnaîtra un don pour la danse, même si les mouvements sont parfois un peu abracadabrants, et surtout un incroyable pouvoir comique par sa seule présence, ses mimiques et ses expressions.
Dans le rôle de Bernard, le narrateur, Franck Villette fait figure d’unique élément normal sur ces planches… si ce n’est lorsqu’il met sa tenue de scène. Intello désabusé, blasé par le comportements et les caprices de Jeanne et complètement atterré par la bêtise et l’immaturité de Philippe, il est l’otage involontaire de ce chaos créé par ses deux partenaires. Il parle peu, mais lorsqu’il le fait, ça fait très mal. Caustique et austère, il surprend aussi par quelques interventions déjantées, inattendues venant de lui.
En allant voir « La belle au bois de Chicago », jamais l’ennui ne vous prendra pendant ces 2 heures de spectacle que vous ne verrez pas passer. Rires aux éclats, voire à en pleurer, ce trio surprenant et hilarant vous fera passer une fantastique soirée à coups de vannes bidons assumées, de jeux de mots plus ou moins faciles, de références détournées avec beaucoup d’humour et de numéros de chant et de danse plus que spéciaux. Mais pressez-vous, ils ne sont à Paris que jusqu’au 28 juillet 2012, avant de partir en tournée dans toute la France.
Le SNEG est partenaire de ce spectacle.
Pour le SNEG, Duarte http://duartelittle.skyrock.com
« La belle au bois de Chicago » de Géraldine Brandao et Rom’Aric Poirier au Théâtre Clavel, 3 rue Clavel 75019 Paris jusqu’au 28 juillet 2012. Places de 9 à 18 €. Réservations : 01 43 38 97 37.