La revanche d’une blonde : de l’écran à la scène

Après une tentative avortée à la Halle Freyssinet en 2010, l’adaptation française de la comédie musicale « La revanche d’une blonde » arrive enfin en France et s’installe finalement au Palace. Directement inspiré du film éponyme avec Reese Witherspoon, le spectacle reprend l’histoire originale en chansons et en garde totalement l’esprit et l’humour. Le tout, revisité à la mode Broadway, aboutit à un résultat surprenant, original, et qui prend quelques libertés aussi cocasses que drôles vis-à-vis du film.
Pour rappel, il s’agit de l’histoire de Elle Woods, blonde de son état tout de rose vêtue, qui pour reconquérir Warner, l’homme de sa vie, décide de le suivre à Harvard, en s’inscrivant comme lui en droit. Mais elle va vite découvrir que le monde juridique est impitoyable et que son prince charmant s’est fiancé avec Vivienne, une « Jackie Kennedy » beaucoup plus sérieuse qu’une blonde comme elle à présenter à son bras. Mais Elle Woods est moins blonde qu’il n’y parait et c’est aidée du jeune et charmant Emmett qu’elle va relever les défis que son apparence et les préjugés mettrons en travers de sa route.
Si le spectacle peut se targuer de mettre en scène des comédiens, danseurs et chanteurs aussi talentueux les uns que les autres, il est dommage que la technique ne suive pas, surtout au niveau du son, élément pourtant indispensable pour une comédie musicale : les paroles des chansons rythmées interprétées en groupe ou en choeur sont difficilement audibles et souvent incompréhensibles, couvertes par un orchestre qui joue plus fort que les voix.  Il n’y a guère que les scènes jouées, les solos et les chansons un peu plus lentes que l’on comprend intégralement et sans effort. Si mise en scène et décors cadrent avec l’histoire, l’esprit et le style du spectacle, ne vous attendez pas à une super production façon Broadway.  Mais quoi qu’il en soit, le spectateur entre progressivement dans le spectacle et finalement, le second acte est nettement plus appréciable que le premier et ce, en tous points : chansons, humour, rebondissements, mise en scène….
Le spectacle inclut même quelques idées de génie et reprend les personnages tellement clichés, attachants et hilarants du film. On pense notamment au fameux « Choeur grec » apparaissant à chaque tragédie, interprété par le trio de « pétasses » qui sont aussi les meilleures amies de Elle. On reprend le fameux mouvement du « Cambre et claque » du film, véritable arme de séduction. Le tableau « Gay ou Européen » est absolument hilarant… Une lesbienne, un gay, une peste, une coiffeuse déjantée, un livreur un peu crâneur mais très « irlandais » qui donnera lieu à un tableau dansé inattendu et improbable, toute une galerie de personnages atypiques et fidèles au film, voire plus dingues encore… donnent un souffle de dynamisme et de bonne humeur à ce spectacle hors du commun dans le paysage de la comédie musicale.
Beaucoup de talent sur scène : du dynamisme, de l’humour, de la personnalité et même de la complicité se dégagent du jeu des interprètes. On rit à plus d’une reprise, entre bons mots, répliques inattendues et surtout blonde-attitude. Dans le rôle d’Elle Woods, l’excellente Aurore Delplace joue, chante et danse avec une aisance incroyable, une crédibilité indéniable et un talent indiscutable. Après avoir été la doublure de Cécilia Cara dans « Grease » et tenu le rôle titre de « Cendrillon, le spectacle musical », elle est à nouveau en tête d’affiche pour « La revanche d’une blonde » et s’en sort avec brio. Les autres comédiens sont tout aussi talentueux. On citera notamment Lina Lamara dans le rôle de Paulette, la coiffeuse atypique dont on a pu découvrir la voix extraordinaire dans l’émission « The Voice ».Vanessa Cailhol assure dans le rôle de Brooke, l’accusée, qui fait preuve d’une performance physique et vocale impressionnante. Premier rôle masculin, Julien Salvia n’est pas en reste et incarne brillamment Emmett, le charmant assistant.
Le SNEG est partenaire de ce spectacle.
Pour le SNEG, Duarte
« La revanche d’une blonde » au Palace, 8 rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris du 17 mai au 15 juillet 2012. Places de 32 à 45 €. Réservations : 08 99 56 46 69.