Lady Gaga : Born this way

CD, Le SNEG vous recommande — 29 juin 2011

Pour Lady Gaga, qui aura sorti son opus presque deux mois après celui de Britney, c’est une attente qui aura valu la peine, malgré la polémique du plagiat de l »Express yourself » de Madonna sur « Born this way ». Cet album est une véritable bombe musicale dont au moins la moitié des titres sont d’authentiques tubes potentiels. Lady Gaga nous livre un disque plus personnel que le précédent où elle prône la tolérance, l’amour de Dieu et loue l’admiration de son public, ses « Little Monsters ».
Résolument électro, « Born This Way » n’en explore pas moins divers univers musicaux avec une harmonie et une efficacité incroyable : une ambiance électro-latine dans « Americano », un air d’électro-counrty aux faux-airs de Shania Twain sur « You And I », des synthés additionnels façon Jean-Michel Jarre avec « Electric Chapel » ou encore de l’électro en version slow comme dans « Bloody Mary ». Elle mélange les genres avec talent et apporte sa touche personnelle unique, parsemant les textes de gimmicks vocaux entêtants, parfois accompagnés de quelques vulgarités censurées, à l’image de « Government hooker », sorte de coup de gueule virulent à la politique aux sonorités digitales et qui avait servi de bande son au défilé de Thierry Mugler.
Mais ce deuxième/troisième album de Lady Gaga est avant tout un concentré de talent, avec de nombreux titres voué au succès : trois sont déjà passés par là, à savoir « Born this way » qui signait son grand retour dans un clip pour le moins étrange, « Judas » métaphore hérétique d’un amour aussi tourmenté que dans  « Bad romance » et « The Edge Of Heaven », nouveau hit en puissance qui semble suivre la voie de ses prédécesseurs. Dans le même esprit, mais sans leur ressembler, on retrouvera « Hair » où le saxophone vient habiller l’électro dans une métaphore entre cheveux et liberté ; « ScheiBe », qui semble être un hymne féministe, cachant sa vulgarité dans une traduction en allemand apparemment approximative ; « The Queen » qui est ni plus ni moins qu’un hommage vibrant et entraînant à son public ; « Marry The Night » qui nous plonge dans l’obscurité attirante de la vie nocturne, imposé par des beats puissants ; ou encore un « Fashion Of His Love » au rythme rapidement enivrant.
Lady Gaga joue le jeu de nous surprendre, la plupart de ses hits commençant en douceur pour mieux nous étonner. Etonnante aussi cette habitude qu’elle semble prendre de chanter dans diverses langues. Un petit « J’veux pas mourir toute seule » dans « Bloody Mary » n’est pas sans rappeler le « J’veux ton amour et je veux ta revanche » de « Bad Romance ». Elle chante aussi en espagnol sur « Americano », pour mieux coller au rythme latin de ce titre et se risque même à des couplets répétitifs en allemand sur « ScheiBe », ce qui étrangement n’enlève rien à l’appréciation de la chanson.
Sur cet album plus personnel que « The Fame Monster » qui était une invitation ouverte à la débauche de sexe, de fête et d’argent, on découvre une chanteuse visiblement croyante, touchée par l’amour de son public, qui n’a de cesse de citer Dieu et de faire référence  la religion, d’une façon à la limite de l’hérésie. « Judas » est l’exemple le plus parlant, tout est dans le titre, elle y raconte une histoire d’amour « malsaine » qu’elle compare à l’amour de Jésus pour Judas. Elle utilise le langage biblique dans certains titres comme « Electric Chapel », « Black Jesus Amen Fashion » ou « Bloody Mary », mais joue aussi parfois sur les arrangements musicaux, faisant une introduction aux sonq de cloches d’église sur « The Queen », de simili-orgue sur « Marry The Night » ou par des incantations style Era pour « The Edge Of Glory ». L’hommage à son public n’est pas négligé, notamment avec « Born This Way » où elle encourage chacun à cultiver et accepter sa différence, véritable hymne à la tolérance LGBT et raciale. Même chose avec « Hair » où l’acceptation de soi est le sujet majeur ou encore « Bad Kids » et « The Queen » où elle propose à ses fans de se substituer à un entourage peu ouvert d’esprit. Dans un esprit plus intimiste, elle se livre sur « You And I » et « Black Jesus Amen Fashion », racontant une vielle histoire d’amour ou ses débuts à New York. Deux titres restent à citer qui, sans être mauvais, ne retiennent pas particulièrement : « Heavy Metal Lover », un titre électro-lounge limite planant et « Highway Unicorn » sorte de fable à dos de licorne, pas évidente à comprendre…
Ayant plus que participé à l’écriture et à la composition de cet album, Mother Monster a de nouveau collaboré avec Redone qui signe les plus gros tubes de l’album (notamment « Judas », « Hair » ou « ScheiBe ») pour nous livrer un album personnel, riche en surprises et en originalité, qu’il est nécessaire d’écouter à plusieurs reprises avant d’apprécier. Lagy Gaga a su se renouveler après le succès de « The Fame Monster » et prouve qu’elle est une artiste complète, notamment sur scène où elle est l’une des rares à ne pas faire de playback… Aux vues de toutes ces éloges, la réponse à la question posée en début d’article semble désormais évidente : 2011 sera l’année Gaga !
Pour le SNEG, Duarte http://duartelittle.skyrock.com/
Lady Gaga.  « Born This Way ». Jive. Interscope Records.