Laurent Gérard : place à l’humour subtil

Scènes — 9 octobre 2012

Laurent-Gerard-Gerard-comme-le-prenomA son entrée en scène, Laurent Gérard surprend un peu. Juste les premières minutes. Le spectateur est étonné, voire saisi, par son style quelque peu inédit dans le monde du one man show Un grand type dégingandé, fin comme une allumette, le visage émacié, la mâchoire proéminente, le brushing mèches blondes, se présente en chemise costume et cravate respectivement blanche, gris et noire. On croirait un agent d’assurances sortant de son travail. Mais très vite, on oublie l’enveloppe corporelle et le look pour ne plus s’intéresser qu’à ce nous raconte le comédien qui est sur scène et qui se déguise ou se travestit à volonté. Tour à tour, voire d’aller en retour,  il incarne une série de personnages : une vieille bourgeoise, un coiffeur, un agent de sécurité, un naturiste au « costume » improbable… Mais aussi, dans plusieurs tableaux, Laurent Gérard ne joue aucun personnages identifié. Il est lui, tout simplement. Là, comédien nous livre des textes directement inspirés de sa vie, de ses expériences, de ses réflexions…
Le thème de l’homosexualité, plus précisément peut-être celui de la part de féminité dans chaque homme, est omniprésent. Rien de caricatural, ni d’excessif. Les textes sont justes et subtils. Le contenu est riche et réfléchi. Trop peut-être même. Il y a tellement de bonnes répliques, de bons mots, qu’en sortant de la salle, on en a déjà oublié la moitié. On cherche à s’en souvenir, on a envie de pouvoir les relire au calme sur Internet. Car en plus d’être bien écrit, le spectacle est mené tambour battant, le rythme est dense, sans jamais s’essouffler. Et Laurent Gérard a un vrai talent de comédien, de narrateur d’histoires. N’en disons pas trop sur les sketchs pour préserver la surprise et aussi parce que l’exercice serait bien difficile. Bien sûr, le spectacle revient sur le nom de Laurent Gérard, si proche de celui de l’imitateur Laurent Gerra ! Cela donne lieu ici encore à quelques répliques croustillantes et justifie le titre du one man show : « Gérard, comme le prénom ». Enfin, mention spéciale pour quelques moments audio à hurler de rire diffusés entre deux tableaux tandis que la salle est plongée dans le noir, le temps d’un changement de costume : l’un pastiche la télé-réalité, l’autre caricature les discothèques… Ne ratez pas ce spectacle, qui parle et nous parle beaucoup, une réflexion sensible sur les garçons du même nom, sur fond d’humour, pour distiller une vérité sans concession autour de l’identité, la différence et finalement, le bonheur d’être soi, tel que l’on est.