Le bar à chicha : une problématique insoluble
Fiches pratiques, L'actu du CHRD — 1 mars 2017Une grande partie des « bars à chicha » (ou « cafés à narghilé ») refuse d’appliquer la nouvelle réglementation. Ces établissements font valoir que leur activité principale est constituée par le fumage du narghilé.
Ces bars à chicha, dont le nombre est estimé entre 350 et 800 sur le territoire, sont apparus et se sont développés au moment ou a été engagé le débat sur la mesure d’interdiction de fumer, voire après l’adoption du décret du 15 novembre 2006. Or la loi Evin, y compris dans son décret initial d’interdiction de fumer de 1992, prévoyait déjà une interdiction de fumer, moins limitative, mais qui en l’espèce remettait déjà en cause l’activité même de ces établissements.
La jurisprudence du 29 juin 2005 posant le principe de l’obligation de sécurité de résultat en matière de protection des personnels à l’égard du tabagisme passif s’applique à ces établissements.
Il n’existe, en tout état de cause, aucune dérogation au principe de l’interdiction de fumer dans ces bars.
La consommation de chicha est particulièrement dangereuse, notamment en terme d’exposition à la fumée passive*. Ces produits extrêmement toxiques et qui rendent dépendants comme le autres produits du tabac, sont tout particulièrement consommés par des jeunes, qui sont la cible quasi exclusive de ces établissements.
Les bars à chicha sont par ailleurs en situation irrégulière à d’autres niveaux :
- ils vendent du tabac sans autorisation, compte tenu de leur type habituel de licence d’exploitation,
- ils ne sont pas habilités à contrôler l’identité de leurs clients à la différence des buralistes et vendent du tabac à des mineurs de moins de 16 ans, ce qui est interdit par la loi,
- ils se procurent fréquemment du tabac en dehors du réseau de distribution des buralistes.
Les risques :
– Absence de protection à l’égard du tabagisme pour les personnes fréquentant ou travaillant dans ces établissements.
– Distorsion de concurrence,
– Le non-respect de l’interdiction de fumer dans ces établissements risque de susciter un effet « tache d’huile » vers d’autres établissements jusqu ‘alors scrupuleux dans l’application de la réglementation,
– Aggravation de l’épidémie de tabagisme chez les jeunes Français.
Les recommandations :
– Vigilance et fermeté des corps de contrôle avec application immédiate des sanctions prévues pour infraction aux différentes réglementations.
* Rapport du Laboratoire National d’Essais, octobre 2007