L’édito : en avril 22, ne te découvre pas d’un fil !

L'éditorial — 1 avril 2022

Ca y est, depuis hier, il est interdit aux restaurateurs et cafetiers de chauffer leurs terrasses partout en France. Certaines villes avaient déjà commencé à réduire ou supprimer les chauffages de terrasses comme Rennes depuis 2020, ou Lyon depuis 2021.

Jugés trop polluants, les chauffages pour nos établissements (radiateur électrique, parasol chauffant, brasero et tous dispositifs) sont interdits. Le décret tant attendu est paru hier au journal Officiel. Cette restriction répond à la loi Climat et Résilience adopté le 22 aout 2021 par la ministre de la Transition écologique.

L’application de cette mesure avait été repoussé de quelques mois l’hiver dernier mais nous aurions souhaité, au regard de la situation économique de nos affaires, qu’elle soit repoussée à l’hiver prochain. Un nouveau coup dur à supporter que nos dirigeants n’a pas souhaité nous épargner après les Gilets jaunes, la crise sanitaire qui n’est pas tout à fait finie et une inflation galopante liée à l’augmentation des prix des énergies et à cette terrible guerre en Europe !

Je ne suis pas contre une politique écologique et continuer à chauffer des terrasses complétement ouvertes est effectivement une aberration. Le législateur aurait pu permettre de maintenir ces chauffages pour les terrasses avec protections latérales et de toit mais dans des conditions moins exigeantes que celles qu’il prévoit, à savoir des parois latérales rigides et un toit étanche à l’air.

Rappelons qu’en cas de non-respect de cette interdiction, l’amende peut aller jusqu’à 1500 euros et 3000 euros en cas de récidive. Toutefois, les autorités indiquent que les sanctions ne seraient effectives qu’après le 30 juin 2022, le temps de faire passer les messages pédagogiques avant de sortir le carnet à souche…

Autre sujet de préoccupation pour notre syndicat, toujours sur ce même espace public : les terrasses éphémères sous régime déclaratif devenant permanentes ou la plupart du temps estivales sous régime d’autorisation.

Elles ont poussé comme des champignons depuis la sortie du premier confinement à l’été 2020, sans contrôle, ni restriction. Et voilà qu’aujourd’hui, alors qu’il aurait été pertinent de les réguler dès leur apparition, les villes s’appuient sur le dysfonctionnement de certains pour justifier des refus d’autorisation en masse, donnant par la même occasion satisfaction aux riverains électeurs qui ont commencé à se plaindre avant même que lesdites terrasses ne réapparaissent sur le domaine public.

La sanction est rude pour les établissements qui comptaient pouvoir renouveler ce dispositif, au moins le temps des beaux jours, pour compenser les pertes d’activité de deux ans de crise sanitaire. C’est peut-être un retour à une vie plus tranquille pour les habitants mais quel manque à gagner pour notre profession ! Certaines villes, comme Paris, ont refusé 70 % des demande d’autorisation !

Le traitement au cas par cas a occasionné un travail considérable. Nous nous réjouissons pour celles et ceux qui ont obtenu une autorisation mais déplorons l’iniquité de la mesure pour les autres et le manque de confiance de certains élus qui considèrent nos adhérents comme des voyous plutôt que comme des professionnels. Dans les villes ayant décidé de mettre un terme définitif à ces terrasses nées de la crise sanitaire, la décision est stricte mais au moins, elle est claire et équitable. Qu’il est triste d’en arriver à ce constat !

Le SNEG & Co a été sollicité par les équipes de nombreux prétendants à l’élection présidentielle. Nous n’avons pas répondu présent pour des balades électoralistes dans les rues aux côtés des candidats ou de leurs représentants. Notre syndicat est et doit rester apolitique, libre de ses positions, qu’il approuve ou conteste les décisions prises par les gouvernants.

En revanche, nous avons fait passer un message sur trois sujets qui nous préoccupent depuis longtemps et pour lesquels, malgré les promesses électorales, rien n’a jamais évolué : la difficulté des établissements de nuit ou de sexe à ouvrir un compte en banque ; la difficulté de contracter, à un coût souvent exorbitant, une assurance conforme à ces mêmes activités ; l’injustice et l’arbitraire des fermetures administratives que nous voulons voir traiter d’un point de vue judiciaire et non plus administratif.

Au lendemain du 2è tour, nous prendrons attache avec la nouvelle présidence et son gouvernement afin de rappeler ces points précis et au-delà, nos besoins et nos sujets de vigilance au profit de nos professions et de nos identités.

Nous vous remercions pour votre confiance.

Olivier ROBERT
Président SNEG & CO