L’édito : le grand désordre

L'éditorial — 4 décembre 2019


La France s’apprête à revivre le grand désordre de 1995. Sans présager de l’impact de la grève à venir, les parallèles à un quart de siècle de distance suffisent à renvoyer l’image d’un pays figé dans ses dénis, entravé dans ses archaïsmes…

La mobilisation contre la réforme des retraites s’annonce massive.  Au blocage annoncé des transports, s’ajouteront des manifestations qui promettent d’être importantes. Les syndicats appellent les salariés du public comme du privé à se mobiliser.  Le dépôt de préavis de grève « illimitée » à la RATP, « reconductible » à la SNCF, laisse penser que le mouvement pourrait durer. Mais au-delà de leurs retraites, ont-ils pensé à ce qu’un tel mouvement peut engendrer pour nous, petits commerces, restaurateurs, débitants de boissons, qui nous levons chaque jour pour essayer de gagner notre vie ?

Les terrasses seront vides, les caves bondées de surstocks, les frigos remplis de denrées périssables que nous ne sommes pas sûrs de passer avant leur date de péremption, mais visiblement, tout ce que nous allons subir pendant cette période, tout le monde s’en fout… !

Un an après le début de la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a pris le risque d’une nouvelle crispation. Le gouvernement se dédouane en arguant que chaque réforme des retraites a engendré un mouvement de contestation mais nous la subissons invariablement, toujours en première ligne dans nos entreprises.

C’était particulièrement vrai en 1995 lorsqu’Alain Juppé, alors Premier ministre, a tenté, en vain, de réformer les régimes spéciaux, et en 2003, lorsque François Fillon a décidé d’aligner la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du secteur privé. Aujourd’hui, remplacer les 42 régimes existants par un système universel par points, où chaque euro cotisé ouvrirait les mêmes droits est un véritable challenge pour le gouvernement !

En attendant, nous devons préparer les fêtes de fin d’année dans ce climat délétère, où nous apporterons un peu de réconfort, de joies, de rires, à ces français qui en ont tant besoin…

Bonnes fêtes de fin d’année à tous quand même…