Lettre à la revue « Ex’Ist »

Communiqués 2004 — 22 septembre 2004

Revue « Ex’Ist »
Eric Morgeau

Directeur de la Publication

12, avenue Jean Perrin 33692 Mérignac Cedex

Lettre recommandée  AR 2532 1263 4FR

Monsieur le Directeur de la Publication,

Votre revue « Ex’Ist » numéro 18 du mois d’août 2004 a publié un article sous le titre de « Le SNEG s’en prend à exes : pourquoi tant de haine ? ».

Vous voudrez, conformément à l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 insérer le droit de réponse suivant :

« Dans votre n° 18 d’août dernier, vous avez reproduit un mail adressé par Antonio Alexandre, Délégué National du SNEG, aux administrateurs et délégués régionaux du SNEG, les informant et s’indignant du contenu des textes de présentation publiés dans votre catalogue de VPC pour la commercialisation des vidéos bareback.

Contrairement à ce que vous affirmez, le SNEG n’a jamais eu, ni de par le passé, ni à travers le présent mail, vocation à déstabiliser le groupe EXES, qui en tant que société, n’a effectivement pas à rendre compte de ses activités commerciales. D’ailleurs, ce n’est pas le SNEG en tant que syndicat des entreprises gaies, mais le SNEG dans son axe de prévention via son délégué national, qui interpelle à travers ce mail, ses administrateurs. Le mail en question est donc une communication interne à notre association dans ses missions de prévention, il n’est donc en aucun cas une communication destinée à nos adhérents, ni aux autres entreprises non adhérentes, ni même au grand public. Pour rappel, le SNEG assure ses missions de prévention indifféremment auprès de toutes les entreprises, qu’elles soient ou non adhérentes. Vous seul avez reproduit ce mail dans vos colonnes, tandis que pour le SNEG, sa diffusion restreinte relève du fonctionnement normal de toute association ou entreprise, qui lorsqu’elle prend connaissance d’un sujet motif à questionnement, le transmet aux membres de son conseil d’administration afin d’ouvrir le débat, avant d’adopter une position.

C’est donc en vue d’un Conseil d’Administration fixé au 15 septembre, que le délégué national du SNEG invite les administrateurs à une réflexion de fond d’une part, à une réflexion personnelle d’autre part. En effet, un administrateur du SNEG peut-il entretenir des liens commerciaux avec une société qui a précédemment appelé au boycott de la Charte de Responsabilité (cf. « Ex’Ist » n° 13 de mars 2004) initiée par le SNEG en 1995, une société qui par ailleurs assure la promotion des vidéos bareback avec une tonalité prosélyte et sans aucun avertissement relatif à la prévention, quand la prévention fait elle-même partie des missions d’un administrateur du SNEG ?

Si le délégué national du SNEG pointe du doigt la seule société EXES, c’est parce qu’après vérification préalable, aucun autre des vépécistes gays leaders du marché n’assure dans les pages de son catalogue, pages que vous auriez d’ailleurs pu également reproduire dans leur intégralité pour une information complète de vos lecteurs, la promotion des films bareback de façon aussi agressive et au mépris de toute déontologie attendue de la part d’une société gay (« voyage étonnant au coeur des plaisirs de la chair crue », « (…) Et tout cela sans préservatif ! Un régal », « (…) les scènes en extérieur et le barebacking : c’est tout simplement superbe ! », « Suivez ces jeunes minets dans leur aventure totale bareback ! ». Qui plus est, aucun message, ni pictogramme de prévention ne vient compenser ces commentaires, quand bien même ces films ne représentent que 3 % de vos produits.

Certes, le simple fait de regarder un film bareback n’a jamais contaminé personne. Toutefois, cela peut exciter l’imaginaire et favoriser les comportements à risque, lesquels ne sont pas réservés aux backrooms, des enquêtes démontrant que les prises de risques sont plus nombreuses dans l’intimité de la chambre à coucher. Aussi, lorsque vous évoquez pêle-mêle, sans transition, visionnage sans risque d’un film bareback et baise sans capote dans une backroom, en citant nommément le QG, votre argumentation vise t-elle plus à défendre votre technique de promotion des films bareback ou à attaquer le président du SNEG, Jean-François Chassagne ? Votre rédacteur, dont nous ignorons l’identité, à défaut d’une signature à votre article, est visiblement mal informé : d’une part, Jean-François Chassagne n’a pas eu connaissance de ce mail avant qu’il ne soit rédigé et expédié par Antonio Alexandre. Il ne l’a donc pas préalablement validé pour vous déstabiliser en tant qu’entreprise concurrente de la sienne ; d’autre part, bien qu’établissement concurrent du QG, Le Dépôt est contrairement à ce que vous écrivez, adhérent du SNEG depuis 1998. Enfin, ne faisant pas parti de notre conseil d’administration, nous ne voyons pas comment vous pouvez affirmer que nos administrateurs cautionnent les propos de votre article.

Pour ce qui est de votre suggestion concernant la recherche de solutions face à la problématique des films bareback, nous ne pouvons à la lecture de votre catalogue, que constater que vos initiatives en matière de prévention sont inexistantes. En revanche, nous vous informons qu’une réunion de travail a été envisagée dès le mois de juin, et désormais programmée fin septembre, afin de déterminer les modalités d’une action visant tant à protéger les acteurs des films X qu’à informer leur public. Elle aboutira à la mise en place d’une charte propre aux films X, équivalente à la Charte de Responsabilité pour les établissements avec backroom. Ce groupe d’experts réunira les partenaires associatifs et institutionnels de la santé publique, ainsi que les professionnels de la production et de la commercialisation de ces films. Etant une des sociétés gay leaders de ce marché, vous serez d’ailleurs cordialement invités à participer à ces rencontres, afin de prendre vous aussi vos responsabilités et d’émettre vos propositions.

En conclusion, la branche syndicale du SNEG n’a aucunement vocation à entraver l’exploitation commerciale de la société EXES, ni d’aucun autre vépéciste gay. En revanche, le SNEG, dans sa branche prévention, agit au quotidien depuis près de quinze ans pour éviter de voir se reproduire l’hécatombe des années 90 due au sida. Il en appelle pour cela, à la responsabilité de tous les exploitants gays, et à la solidarité de tous ».

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Directeur de la Publication, l’assurance de nos salutations distinguées.

Pour le Conseil d’Administration,

Gérard SIAD

Vice- Président

Syndicat National des Entreprises Gaies

59, rue Beaubourg – 75003 Paris Tél. : 01 44 59 81 01 – Fax. : 01 44 59 81 03 – E-mail : sneg@sneg.org