Lille, Bertry : les armes à feu aux portes des clubs

L'actu du CHRD — 8 juillet 2012

1er juillet 2012. Téatro de Lille. Après un refus d’accès à l’entrée de cette discothèque, le client refoulé revient quelques minutes plus tard armé d’une arme de guette type kalachnikov et faisant feu en rafale. Bilan : 2 morts (la vestiaire et un client) et 6 blessés. L’auteur des tirs étaient déjà connu des services de police et avait été condamné à plusieurs reprises.
8 juillet 2012. Le Vamos de Bertry près de Cambrai. Un ancien portier du lieu d’habitude  interdit d’entrée est exceptionnellement admis. Il est finalement expulsé pour cause de troubles à l’intérieur.  Il revient quelques minutes plus tard muni d’une arme de chasse à cartouches de plomb et tire. Bilan : 10 blessés légers (un videur, neuf clients). L’auteur des tirs était connu des services de police et condamné à deux ans dont un avec sursis pour faits de violence avec arme.
A une semaine d’intervalle, dans le même département du Nord, ces deux tristes faits divers ont fait la une de l’actualité, plongeant dans la douleur ou dans le deuil les victimes ou leur douleur. Parallèlement, resurgit l’éternel débat sur la sécurité des établissements de nuit.
Certes, certains de ces lieux disposent aujourd’hui de systèmes de vidéo surveillance, de détecteurs de métaux ou demandent aux clients de vider leurs poches quand la fouille corporelle est interdite. Tous sont dotés de services dé sécurité, internes ou externes, avec des personnels formés, titulaire d’un Certification de Qualification Professionnelle enregistré en Préfecture. Mais qu’ils fassent ou non bien leur métier, physionomie, filtrage des personnes agitées ou déjà alcoolisées, médiation des conflits… quels moyens supplémentaire encore mettre en oeuvre pour renforcer la sécurité dans les discothèques ? Et surtout comment faire face à un client refoulé qui revient arme à la main pour régler ses comptes ?

Les professionnels et représentations syndicales de ces lieux réclament aujourd’hui une reconnaissance des risques liés au travail dans ces établissements, une formation renforcée des agents de sécurité et une meilleure coopération entre services de police ou de gendarmerie et eux-mêmes : renforcement de la présence des forces de l’ordre aux abords des établissements de nuit, plus de patrouilles, de réactivité en cas d’appel sans que pour autant, soit sanctionné l’établissement qui les alerte régulièrement.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est rendu au Teatro puis en Préfecture de Lille où il a rencontré les enquêteurs des deux affaires. Là, il a indiqué « qu’il ferait de l’application drastique de la réglementation sur les armes et de la lutte contre les armes interdites une priorité de son action ministérielle ». La lutte contre la détention d’armes passe selon lui par l’instauration d’une liste d’interdits de débits de boissons comme il y a des interdits de stade.  Il propose l’inscription systématique des personnes condamnées pour des violences au Fichier national des interdits d’acquisition et de détention d’armes, lequel ne contient actuellement que 1 800 noms. La loi du 6 mars 2012 vise pourtant à ce que des personnes condamnées ne puissent plus acquérir ou détenir légalement des armes. Si 3 910 armes à feu ont été saisies en 2011, seules 31 kalachnikovs ont été retirées du circuit, lequel répond à un trafic illégal international. On estime à 15 000le nombre d’armes à feu de guerre qui seraient actuellement détenues sur le territoire. Le ministre compte discuter de l’entretien de ce fichier avec ses homologues européens de l’espace Schengen mais aussi avec ceux des pays de l’ex Yougoslavie d’où proviennent nombre de ses armes dans l’objectif final d’éradiquer ce trafic et de les détruire. Manuel Valls propose aussi la mise en place de plans « locaux ciblés » destinés à établir « la liste des établissements qui peuvent poser problème, la multiplication des contrôles à proximité des discothèques et la vérification systématique des cartes professionnelles des agents de sécurité. Une prochaine rencontre doit se tenir avec les services de police et de gendarmerie.

Incidents dans les clubs
Les faits divers de juillet 2012 à Lille et Bertry ont fait grand bruit. D’autres incidents passent plus inaperçus, au regard de cette liste de faits constatés entre janvier 2011 et juin 2012

2011
– 1er janvier: Un disc-jockey est tabassé à mort dans la nuit de la Saint-Sylvestre par plusieurs hommes après avoir refusé à l’un d’eux l’accès à une soirée privée au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
– 3 janvier: Le patron d’une boîte de nuit à Pierrelaye (Val d’Oise) est tué d’une balle dans la tête par des individus cagoulés, alors qu’ils étaient sortis devant l’établissement.
– 15 janvier: Une jeune fille de 16 ans meurt de coups de couteau lors d’une rixe entre filles au sortir d’une discothèque à Marseille. Deux adolescentes sont écrouées.
– 21 mai: Un jeune homme est mortellement blessé à coups de couteau après une altercation devant un bar à Lille par un ancien adjoint de sécurité .
– 28 mai: Le vigile d’une discothèque à Saint-Paul-de-Blaye (Gironde) est tué par des tirs d’arme à feu alors qu’il se trouvait derrière la porte d’entreé. Les auteurs des coups de feu avaient quitté le bar quelques heures plus tôt après une rixe.
– 2 juillet: Après une bagarre dans une discothèque, un jeune homme est retrouvé poignardé à quelques mètres de la sortie.
– 25 septembre: Un jeune meurt d’un tramatisme cranien après une altercation avec le videur d’une boîte de nuit à Beauvais (Oise).

2012
– 9 avril : Un homme décède et une autre personne est blessée à Melun (Seine-et-Marne) dans une rixe à la sortie d’une boîte de nuit.
– 30 avril : Un client ivre meurt après une rixe entre plusieurs personnes, dont un videur, sur le parking d’une discothèque de Saint-Laurent-d’Aigouze (Gard).
– 30 juin: Une personne est tuée et une autre très gravement blessée avec un pronostic vital engagé lors d’une rixe à l’arme blanche à la sortie d’une boite de nuit à Paris (XXe)