Mesures d’urgence économiques et sociales

Fiches pratiques, L'actu du CHRD — 27 décembre 2018

MesuresdurgenceeconomiquesetsocialesEn réponse à la crise des « Gilets Jaunes », un projet de loi concrétisant les mesures annoncées par M. Macron, en faveur du pouvoir d’achat, a été présenté devant le Conseil des Ministres le 19 décembre puis examiné et voté, en procédure accélérée, par l’Assemblée Nationale et le Sénat les 20 et 21 décembre. La loi n° 2018-1213 du 24 décem-bre 2018 portant mesures d’urgence économiques et sociales a été publiée au Journal Officiel du 26 décembre. Parallèlement, le décret n°2018-1197 du 21 décembre 2018 relatif à la revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité a été publié au Journal Officiel du 22 décembre.

La loi susvisée a pour objectif « d’apporter des premières réponses rapides, concrètes, visibles à ceux qui en ont le plus besoin » à travers les mesures suivantes : permettre aux entreprises de verser, sous certaines conditions, une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, exonérée jusqu’à 1 000 €, permettre, à compter du 1er janvier 2019, une réduction de cotisations salariales et une défiscalisation des heures supplémentaires et des heures complémentaires permettre un rétablissement de la CSG à 6,6 % pour certains retraités.

L’article 1er de la loi offre la possibilité aux employeurs d’attribuer une prime à l’ensemble des salariés ou à ceux dont la rémunération est inférieure à un plafond. La loi n’apporte pas de précision sur ce plafond d’attribution. Cette disposition devrait permettre à l’employeur de limiter l’attribution de la prime en fixant un salaire plafond inférieur au 3 SMIC qui conditionne l’exonération. En d’autres termes, le versement de la prime n’est pas obligatoire. Il s’agit d’une faculté offerte aux entreprises. Cette prime, exonérée à hauteur de 1 000€, doit être versée entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019.

Mesures prévues par la loi

Modalités d’application

Prime soumise à exonération à hauteur de 1 000€. La prime exceptionnelle est exonérée, dans la limite de 1 000 € : – d’impôt sur le revenu – de toutes les cotisations et contributions sociales d’origine légale ou conventionnelle – de la participation à l’effort de construction ; de la taxe d’apprentissage ; des contributions à la formation professionnelle – de la taxe sur les salaires pour les employeurs concernés
Conditions ouvrant droit à exonération L’exonération ne s’applique qu’aux primes versées aux salariés ayant perçu en 2018 une rémunération inférieure à 3 fois le SMIC annuel, calculée pour un an sur la base de la durée légale de travail. De plus, la prime sera exonérée à hauteur de 1 000 € si les conditions suivantes sont remplies :

  • le salarié doit être lié par un contrat de travail au 31/12/18 (ou à la date de versement de la prime si celle-ci est antérieure)
  • le versement de la prime doit être effectué entre le 11/12/18 et le 31/03/19
  • la prime ne peut se substituer à des augmentations de rémunération, ni à des primes prévues par un accord salarial ; contrat de travail ou usage en vigueur dans l’entreprise
  • la prime ne peut pas non plus se substituer à tout élément de rémunération versé par l’employeur ou devenu obligatoire en vertu de règles légales, contractuelles ou d’usage
Montant de la prime / Modulation possible du montant de la prime L’employeur détermine librement le montant de la prime. Elle est exonérée jusqu’à hauteur de 1 000 €. A contrario, en cas de versement d’une prime d’un montant supérieur à 1 000 €, la partie supérieure à 1 000 € sera assujettie à cotisations et impôts. Le montant de la prime peut être modulé selon les bénéficiaires en fonction des critères suivants : – la rémunérationle niveau de classificationsla durée de présence effective pendant l’année 2018 (la loi précise que les congés maternité, paternité, adoption et éducation des enfants sont assimilés à des périodes de présence effective) – la durée du travail prévue au contrat de travail
Modalités de mise en place de la prime exceptionnelle Le montant de la prime ainsi que, le cas échéant, le plafond et la modulation de son niveau entre les bénéficiaires doivent faire l’objet d’un accord d’entreprise ou de groupe conclu selon les modalités prévues pour la mise en place de l’intéressement. Toutefois, ces modalités peuvent être arrêtées, au plus tard le 31/01/19, par décision unilatérale de l’employeur. Dans ce cas, il devra en informer au plus tard le 31/03/19 le CSE, les délégués du personnel ou la délégation unique du personnel, s’ils existent.

L’article 2 de la loi permet d’anticiper au 1er janvier 2019 la mise en œuvre de la réduction de cotisations salariales d’assurance vieillesse sur les heures supplémentaires et les heures complémentaires prévue par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019. En effet, initialement, l’article 7 de la loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la sécurité sociale pour 2019, publiée au Journal Officiel du 23 décembre prévoit que la réduction de cotisations salariales sur les heures supplémentaires et les heures complémentaires s’appliquera à compter du 1er septembre 2019. Toutefois, la loi portant mesures d’urgence économiques et sociales a avancé la date d’application de la mesure aux rémunérations versées à raison des heures supplémentaires et complémentaires (ainsi qu’à la majoration de salaire qui y est attachée) réalisées à compter du 1er janvier 2019.

En pratique, à compter du 1er janvier 2019, les heures supplémentaires et complémentaires sont soumises à une réduction de cotisations salariales d’assurance vieillesse et de retraite complémentaire (la CSG/CRDS et les contributions applicables sur l’ensemble des revenus resteront dues). Par ailleurs, la loi prévoit également que les heures supplémentaires et complémentaires sont soumises à une exonération d’impôt sur le revenu, dans une limite annuelle de 5 000 €.

Pour rappel, depuis 2018, la CSG pour les pensions de retraite et d’invalidité est de 8,3 %, sauf pour les personnes ayant des revenus suffisamment modestes leur ouvrant droit à une exonération de CSG/CRDS ou à un taux réduit de CSG. La loi rétablie, au 1er janvier 2019, l’ancien taux de CSG, à savoir un taux de 6,6 % pour certains retraités. En pratique, la loi définit les seuils de revenu fiscal de référence ouvrant droit à l’application de ce taux de 6,6 %. Ce nouveau taux s’appliquera aux retraités percevant des revenus compris entre 14 548 € pour une personne seule (majorée de 3 884 € pour chaque demi-part supplémentaire) et 22 580 € (majorée de 6 028 € pour chaque demi-part supplémentaire). Ces dispositions entreront en vigueur le 1er janvier 2019 mais nécessiteront des « délais de mise en œuvre » donnant lieu à une régularisation au plus tard en mai 2019, au titre des prélèvements intervenus depuis le 1er janvier 2019. Dans la foulée de l’adoption de la loi, le décret du 21 décembre 2018 formalise la revalorisation de la prime d’activité au 1er janvier 2019. Cette revalorisation est applicable aux revenus professionnels mensuels perçus à compter d’octobre 2018 et sera prise en compte dans les versements mensuels à compter de février 2019. Pour information, la prime d’activité est une prime versée mensuellement par les caisses d’allocations familiales (CAF) afin de compléter les revenus des travailleurs modestes, qu’ils soient salariés ou non-salariés. En pratique, cette prime est constituée d’un montant forfaitaire et d’une bonification individuelle. Le décret susvisé modifie les paramètres de cette bonification et permet une hausse de 90 € par mois du montant maximum de la bonification. En prenant en compte l’augmentation du SMIC qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, cette revalorisation exceptionnelle de la bonification de la prime d’activité permettra d’atteindre  l’augmentation de 100 € pour les bénéficiaires rémunérés au SMIC, comme annoncée par Emmanuel Macron.

Les employeurs ne sont pas impliqués dans la gestion de ce dispositif. Ainsi, en cas de demandes de salariés sur le sujet, il conviendra de les renvoyer vers les services de la CAF.

Enfin, pour information, la loi portant mesures d’urgence économiques et sociales prévoit que le Gouvernement remettra au Parlement un rapport sur la revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité au 1er janvier 2019, et ce dans un délai de 6 mois à compter de la promulgation de la loi. Ce rapport aura pour objet :

  • de présenter un bilan de sa mise en œuvre opérationnelle et de son impact sur le pouvoir d’achat des bénéficiaires,
  • de proposer des pistes de réforme afin d’améliorer le recours à la prestation et son impact sur le pouvoir d’achat des ménages modestes.

Source : circulaire sociale UMIH 22-18