Municipales 2020 : rencontre avec Ariel Weil

Le SNEG — 17 janvier 2020

Au centre, Ariel Weil et sa directrice de campagne Lily Munson, avec de gauche à droite Michel Mau, administrateur, Thibault Jardon, adhérent, Olivier Robert, président, Rémi Calmon, directeur et Julien Gamber, adhérent du SNEG & Co.

Le SNEG & Co rencontre les candidats aux élections municipales qui se tiendront les 15 et 22 mars prochain. A chacun, nous posons les même questions autour des thèmes qui nous concernent : préservation du tissu commercial LGBT, relations commerces-riverains, terrasses,  spéculation immobilière, police municipale, insécurité, transports, circulation, stationnement…

Maire du 4è arrondissement depuis deux ans, « fortement implanté dans le Marais où il réside depuis longtemps », Ariel Weil est tête de liste de l’arrondissement Paris Centre qui regroupe les 1er, 2è, 3è et 4è arrondissements pour la liste Paris en commun menée par Anne Hidalgo, maire sortante.

Préservation du tissu commercial LGBT : le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît, je pense que Le Marais restera un quartier gay et j’y suis très attaché mais une évolution sociologique fera qu’il ne sera plus en singularité et que les lieux LGBT vont se diffuser partout dans Paris. Je garantis mon soutien  notamment pour organiser une Marche des Fiertés festive avec la participation des commerces.

Spéculation immobilière : les outils légaux dont nous disposons sont très faibles au regard de la liberté d’entreprendre. Particulièrement dans le centre de Paris, nous n’avons pas de mandat qui nous permette de préempter des baux commerciaux. C’est pourquoi un de nos engagements de campagne consiste justement à étendre le dispositif de préemption à Paris Centre. La situation est d’autant plus frustrante que des locaux privés restent inoccupés comme ceux de l’ex Spyce.

Terrasses chauffées : je crois au travail de terrain qui permet de réguler en négociant et de faire en sorte que tout le monde soit gagnant comme pour la place du Bourg Tibourg. Je défends l’équilibre comme pour les problèmes de nuisances.  L’encombrement de la voie publique sur certains axes pourra être en partie solutionné par la piétonisation.  Sur les chauffages, il y a eu un débat au Conseil de Paris, la majorité a rejeté la proposition des Verts qui ne comportait pas de réflexion économique. Je ne vais pas vous répondre de donner des couvertures, il faut étudier le sujet avec les intéressés, réfléchir à des solutions alternatives, mais je ne vois pas comment continuer comme ça pendant encore des années car c’est une aberration écologique.  On pourrait fermer les terrasses car il y alors moins de déperdition.

Relations voisinage : j’habite moi-même au 1er étage au-dessus d’un café, j’ai fait changer mes fenêtres et je connais donc bien le sujet des nuisances. Je ne suis pas un ayatollah de  la régulation mais j’aime qu’une autorité soit respectée. Ce n’est pas spécifiquement un sujet communautaire et par ailleurs, la plupart des établissements ne posent pas de problèmes ou des problèmes mineurs. Les problèmes ne concernent qu’un petit nombre d’établissements. Les commissions de débits de boissons sont efficaces.  Certains établissements sont des institutions, d’autres présentent une situation inextricable où il n’y a rien à faire. Je suis pour le dialogue en conseil de quartier, avec les exploitants que je connais bien, ils ont mon portable. Mais on ne peut pas tout attendre des autorités, aussi j’encourage les exploitants à discuter avec leurs riverains dont les demandes sont de plus en plus nombreuses, exigeantes, et je suis prêt à faciliter les mises en relation.

Rainbow flag : pour les passages piétons, je n’ai été prévenu que très peu de temps avant leur réalisation, ce qui n’a pas permis le dialogue. A défaut d’avoir pu donner mon accord, j’ai estimé que leur mise en place ne devait pas être pérenne. Mais quand ils ont été dégradé, j’ai dit, avec la Mairie de Paris : « là où il y en avait un, mettons-en deux ». Seulement, on frise le ridicule quand il y en a trop. Il ne faut pas tomber dans le rainbow washing.

Politique de la nuit : Paris a déjà largement rattrapé un certain retard par rapport à la situation d’il y a quelques années. La vie nocturne s’est développée dans de nouveaux quartiers, nous avons ouvert les parcs et jardins aussi. Il faut continuer sur cette voie mais sans oublier que la nuit festive doit rester compatible avec les gens qui veulent dormir.

Police de la ville : il y a une augmentation des contrôles et des verbalisations des commerçants et je confirme que c’est le boulot du maire d’orienter les agents, de pointer là où ça va mal et où ça va bien. Aujourd’hui la situation est moyennement satisfaisante car les effectifs sont divers, leurs compétences aussi et nous n’avons pas encore les moyens d’envoyer suffisamment d’équipes sur le terrain. Il faut rendre cette police plus humaine, mieux formée, pour lutter contre ces incivilités que j’appelle illégalités ou infractions. Je suis à fond pour une Police Municipale pour laquelle Anne Hidalgo a changé d’avis, ce qui est son droit, mais non armée, qui n’a pas les mêmes prérogatives que la police nationale qui doit rester responsable de la sécurité de tous les citoyens.

Insécurité : c’est le sujet de la police nationale qui ne s’engage pas suffisamment face aux agressions, au trafic de stupéfiants, par exemple sur la rue du Temple où se multiplient les actes de délinquance. Je salue la nomination de l’officier de liaison LGBT, un sujet que j’ai porté il y a deux ans. Le regroupement des commissariats des 4 arrondissements du centre doit permettre, par le regroupement des fonctions support, d’avoir plus d’agents sur le terrain tout en gardant des lieux de dépôt de plainte dans les quatre arrondissements.

Circulation et stationnement : je suis à égale distance entre ceux qui ne veulent rien faire et ceux qui veulent supprimer la voiture à Paris. Il faut diminuer la circulation, celle de transit principalement, revoir le schéma de circulation dans Paris Centre, le laisser accessible aux livraisons mais y réduire la vitesse à 20 km/h. Il faut plus de stationnement pour les vélos. Pour les deux roues motorisées, toute occupation et pollution doit faire l’objet  d’une tarification, il faut y réfléchir mais on ne gardera pas un statu quo.

Messages aux LGBT : je n’aime pas le mot communauté au singulier, il me convient au pluriel pour reconnaître et encourager leur pluralité mais aussi leur diversité.  Le Cercle du Marais dont j’ai été membre pendant 20 ans n’est pas le  Paris Aquatique. Les quartiers sont des villages de protection, Le Marais où nous avons inauguré de nombreuses plaques commémoratives de personnalités gays doit rester un refuge parmi une identité multiple, je le défends coûte que coûte, j’y suis attaché comme à la lutte contre toutes les discriminations.