Municipales 2020 : rencontre avec Pacôme Rupin

Le SNEG — 27 février 2020

De gauche à droite : Alexandre Molina, Olivier Ponsoye, Pacôme Rupin, tête de liste LREM Paris Centre ; pour le SNEG & Co, Olivier Robert, président, Rémi Calmon, directeur exécutif et Thibault Jardon, adhérent.

Le SNEG & Co rencontre les candidats aux élections municipales qui se tiendront les 15 et 22 mars prochain. A chacun, nous posons les même questions autour des thèmes qui nous concernent : préservation du tissu commercial LGBT, relations commerces-riverains, terrasses,  spéculation immobilière, police municipale, insécurité, transports, circulation, stationnement…

Pacôme Rupin est tête de liste LREM de Paris Centre pour la liste « Paris ensemble » menée par Benjamin Griveaux lors de notre rencontre, remplacé depuis par Agnès Buzyn, candidate dans le 17ème.

Préservation du tissu économique LGBT : nous avons un problème de perte d’habitants, ce qui affecte la vitalité commerçante : 27 % de logements vacants dans le centre de Paris et une augmentation de la location touristique illégale. La brigade de contrôle pour l’ensemble du territoire parisien manque d’effectifs. Nous en créerons une spécifique au centre de Paris. J’ai également fait voter un amendement permettant au maire d’empêcher la transformation d’un local commercial en location touristique, ce qui permet de limiter la gentrification massive  mais au-delà, nous sommes démunis d’outils juridiques sur le sujet, il est très compliqué d’agir. C‘est à la mairie d’aller chercher les propriétaires de logements vacants, d’être proactive pour donner des outils de garantie, promouvoir le bail mobilité. La Semaest a fait un beau travail mais nous voulons créer une nouvelle société d’économie mixte pour les arrondissements du Centre de Paris pour lutter contre la mono activité, garder les commerces indépendants qui font l’histoire et la tradition des quartiers. Et pour faire face à la densité de fréquentation touristique internationale sur nos arrondissements, nous voulons que tout Paris soit classé en zone touristique internationale.

Spéculation immobilière : la situation dans le centre de Paris est critique. Ce qui fait que le Marais est apprécié, c’est sa diversité commerciale et les commerces LGBT en font partie. Nous voulons établir un travail de partenariat entre secteur public et service privé et combler le vide juridique qui permet de préempter les murs mais pas les baux commerciaux à Paris. Nous avons aussi conscience du problème des augmentations de loyer en fin de bail commercial. J’ai été adjoint au Commerce et j’ai aussi beaucoup travaillé en qualité de député sur ce sujet pour combler le manque d’outils et de moyens de régulation pour conserver les commerces indépendants.

Terrasses chauffées : ma position est très claire, seul le chauffage électrique peut être conservé. Je sais que beaucoup de gens apprécient être en terrasse et le chauffage fait partie de l’attractivité de certains établissements. Mais il y a des différences entre les modes de chauffage, il faut miser sur l’électrique qui répond au bilan carbone le plus pauvre et qui par ailleurs, répond mieux aux conditions de sécurité. Je ne veux pas opposer économie et écologie. On peut aussi imaginer un moyen de régulation, par exemple que les chauffages ne soient autorisés qu’une partie de la journée.

Relations voisinage : ma position, c’est le respect de la loi qui passe par une collaboration et une communication entre riverains et exploitants et je n’ai jamais voulu opposer les deux. J’ai moi-même fait de nombreuses médiations qui se sont très bien finalisées et, dans chaque mairie d’arrondissement, nous mettrons en place un référent pour faire le lien entre commerçants et riverains. J’ai toujours donné une chance à la médiation. L’élu est un facilitateur pour la médiation. Mais quand ça se passe mal, que les gérants ne respectent plus les règles de voisinage… Finalement, il n’y a que 5 % de toute la profession qui est montrée du doigt et j’ai toujours pris soin en tant qu’élu de ne pas m’arrêter à un seul témoignage. Mais quand le problème prend de l’ampleur, c’est le travail de l’élu. Je sais qu’on en demande trop aux gérants, qu’on rend responsable des nuisances créées par une clientèle qu’il ne peut pas contrôler ou même de personnes qui ne sont pas des clients aux abords des établissements. Pour autant, j’assume l’amendement que j’ai proposé (cet amendement supprime la procédure contradictoire dans la délivrance d’avertissement préalable à la demande de notification de fermeture administrative, ndlr) dans la loi Engagement et Proximité et ça ne me choque pas que le maire puisse agir quand la loi n’est pas respectée de manière manifeste (cette loi permet au maire d’obtenir délégation du préfet pour initier des demandes de fermeture administrative, ndlr).

Rainbow flag : il y a des communautés dans notre pays, elles ont leur place, mais je fais la différence entre espace public et lieux communautaires. Je suis très attaché à ce qu’ils continuent à exister et à être fréquentés, ils rendent un service car il n’est pas toujours facile d’être homo. J’en ai moi-même fait l’expérience, j’ai fréquenté ces lieux qui m’ont aidé quand, plus jeune, je suis arrivé à Paris. Néanmoins, on compenserait aujourd’hui la difficulté rencontrée par les établissements LGBT par une marque et une visibilité plus importantes sur l’espace public ? A San Francisco, dans Castro, j’ai eu le sentiment qu’il ne restait que le rainbow flag. Je fais une distinction entre les drapeaux figurant sur les établissements – qui ont toute leur place – et ceux peints dans l’espace public. Ces derniers n’étaient pas forcément une bonne idée. Cela dit, il serait très compliqué de revenir dessus. La question qui se pose est : est-ce en phase avec les principes républicains ? Quoi qu’il en soit, je ne ferai pas un totem de ce sujet.

Politique de la nuit : l’attractivité est liée à l’offre, la vraie question est de savoir dans quels lieux peut se tenir la fête. Il y a énormément de nouvelles soirées, preuve que le sujet est entre les mains de ceux qui veulent entreprendre, innover. Il faut aussi regarder ce que la Ville de Paris peut faire pour promouvoir son attractivité nocturne, et ce qui fonctionne à l’international. Il ne faut pas oublier de sécuriser la fête, la vie nocturne.

Police de la ville : la police municipale aura vocation à tranquilliser et sécuriser l’espace public. Aujourd’hui, il n’existe pas de vraie police municipale. Ce sont des agents de la ville qui n’ont reçu aucune formation, qui manquent d’effectifs, et qui sont concentrés sur ce qui est le plus simple à faire : verbaliser des commerçants et des établissements. Nous voulons une police armée, une vraie police qui quand elle ne pourra intervenir elle-même, pourra bloquer les personnes concernées en attendant la police nationale qui sera dégagée d’autres missions comme la circulation, les incivilités. Sur la lutte contre les discriminations, les agressions homophobes, nous sensibiliserons les agents.

Insécurité : je suis pour une fermeté absolue face aux actes de délinquance, aux agressions  sur la personne. L’impact humain est immense, surtout en cas de refus de dépôt de plainte, si la victime subit cette violence en silence. Le refus de dépôt de plainte quand on a été victime d’une agression est inacceptable. Dans chacune des quatre mairies d’arrondissement, nous mettrons en place des services de proximité, notamment une antenne de police, et un agent administratif sur le sujet des discriminations. Nous misons sur le déploiement de la vidéosurveillance pour lutter contre l’insécurité, dont la moitié repose sur le trafic de stupéfiants.

Circulation et stationnement : il faut refluidifier les grands axes, éviter les reports sur les petites rues. Ces sujets doit être étudiés en coordination avec les riverains et les commerçants pour éviter l’impact sur leur vie quotidienne et la faciliter. Pour le stationnement, il faut faire un travail pour mieux utiliser les parkings souterrains mais nous n’interdirons pas le centre de Paris aux voitures, on voit déjà les difficultés que ça suppose avec les journées Paris respire. Paris n’est pas une sous-préfecture d’une ville de province. Nous ne reviendrons pas sur la fermeture des berges mais nous devons mettre en place des alternatives pour ceux qui doivent venir dans le centre quand les transports en commun sont déjà saturés. A propos du métro, il n’est pas normal dans une grande capitale de ne pas disposer de quelques lignes qui soient ouvertes toute la nuit, 7 jours sur 7, à commencer par les lignes automatiques. Concernant les deux roues motorisées, nous n’envisageons pas de stationnement payant.

« Message » aux LGBT : ma principale préoccupation, c’est la lutte contre la violence, les agressions à caractère homophobe. Nous sommes à un moment de notre histoire où revient beaucoup d’intolérance. Sur ce sujet, il faut être volontaire, améliorer la sécurité pour permettre à chacun d’être qu’il est, y compris s’aimer sur l’espace public.