Municipales 2020 : rencontre avec Rachida Dati

Le SNEG — 11 février 2020

De gauche à droite, Aurélien Véron, candidat de Paris Centre, Rémi Calmon, directeur exécutif du SNEG & Co, Rachida Dati, tête de liste candidate dans le 7è et Olivier Robert, président du SNEG & Co.

Le SNEG & Co rencontre les candidats aux élections municipales qui se tiendront les 15 et 22 mars prochain. A chacun, nous posons les même questions autour des thèmes qui nous concernent : préservation du tissu commercial LGBT, relations commerces-riverains, terrasses,  spéculation immobilière, police municipale, insécurité, transports, circulation, stationnement…

Rachida Dati, candidate LR mène la liste Dati pour Paris – Engagés pour changer Paris, nous la recevons avec Aurélien Veron, tête de liste de l’arrondissement Paris Centre (1er, 2è, 3è et 4è arrondissements).

Préservation du tissu commercial LGBT
 : il faut garder les identités des quartiers, de leurs habitants et de leurs commerces qui ont construit un écosystème. On assiste à une vitrification commerciale qui stérilise l’identité du centre qui doit conserver son caractère transgressif et festif. Il a souffert des manifestations et il faut donner aux gens l’envie d’y revenir.

Spéculation immobilière : la liberté d’entreprendre répond à ses propres règles, les moyens d’agir sont très limités et la ville, si elle peut parfois préempter, n’a pas vocation à se transformer en fonds d’investissement. Toutefois, il y a des endroits où on peut préserver une identité, cela passe par la régulation et l’encadrement.

Terrasses chauffées : sur le principe, il vaudrait mieux ne pas chauffer l’extérieur mais on ne peut pas se prononcer d’autorité et il faut anticiper les alternatives. Il y aura une concertation avec tous les établissements, une tolérance pour prendre en compte le contexte difficile auquel ils ont été exposés avec toutes les manifestations. Je suis d’ailleurs très surprise par la position des professionnels qui sont eux-mêmes très partagés sur le sujet.

Relations voisinage : la cohabitation pose de plus en plus de difficultés, principalement à cause des nuisances sonores, mais cela ne vient pas uniquement des débits de boissons. Nous prévoyons d’ailleurs d’expérimenter une interdiction de consommation d’alcool sur la voie publique la nuit, notamment sur les berges. Il faut mieux cohabiter, qu’une communauté n’en exclue pas une autre. Cela passe par des médiations, même si elles sont menées avec fermeté, avec des référents en mairie, par secteur dans chaque arrondissement, selon la nature de l’activité, la densité commerciale. En cas de tension, il faut agir de suite pour neutraliser la plainte d’un seul qui va en entraîner d’autres.

Rainbow flag : il y a un côté rainbow washing qui masque l’inertie sur d’autres sujets plus importants. Ces bandes arc-en-ciel ont un côté ludique, aussi un peu folklorique qui peut irriter certains habitants. Une concertation avec la mairie du 4eme et les conseils de quartier avant leur mise en place aurait été la bienvenue. Nous pourrons en rediscuter à l’avenir dans le cadre de réflexions plus larges sur la préservation des spécificités du quartier.

Politique de la nuit : il faut faire attention aux comparaisons faites avec les autres métropoles européennes qui ont souvent des quartiers festifs dédiés hors zones résidentielles et ceci n’est pas possible à Paris, la ville est trop petite et trop dense. Une ville sans fête n’est plus une ville mais une ville où on ne respecte pas les autres n’est pas une ville non plus. Le festif, ça s’organise et c’est ce que nous ferons, sur le sujet des nuisances mais aussi sur celui de propreté, pour que Paris au petit matin ne ressemble pas à une poubelle. Les commerces doivent faire partie des discussions qui s’installeront.

Police de la ville : sa vocation n’est pas de harceler les commerçants et les artisans mais de pratiquer la médiation avant la sanction. Mais on doit clairement recadrer ses missions : lutter contre les incivilités, la délinquance, les agressions dont sont victimes notamment les gays. Cette police doit être armée et doit recevoir une formation avec un tronc commun à celui de la police nationale et avec une spécificité propre à l’exercice du métier à Paris.

Insécurité : il n’y pas de débat : une agression, une discrimination, ça relève du pénal. Avec le Procureur de la République et le Préfet de Police, le maire est un rouage essentiel à la sanction qui relève de la politique pénale pour tous les faits de délinquance et d’atteinte à la sécurité.

Circulation et stationnement : nous ne rendrons pas le centre de Paris piéton, nous préférons mener ponctuellement des opérations de piétonisation. Je n’oppose pas les modes de transports les uns aux autres. Il faut une organisation de la mobilité pour aboutir à une solution qui permette le dynamisme et l’attractivité. Pour le métro de nuit, il faut faire s’entendre la RATP, la préfecture, la région et la mairie et que son ouverture tardive ne vienne pas en rajouter aux problèmes de nuisances. On peut imaginer une ouverture en fin de semaine de certaines lignes et certaines stations.

Messages aux LGBT : la lutte contre les discriminations est un combat de longue date au regard de mon propre parcours. Je veux vivre dans une ville où chacun peut assumer qui il est, y compris son orientation sexuelle. Chacun doit pouvoir vivre comme il le veut. Ce qui m’importe, c’est la liberté.