Notre paradis : et si c’était l’enfer ?

Le nouveau film de Gaël Morel (« A toute vitesse », « Le Clan ») en tant que réalisateur, aborde encore une fois le thème de l’homosexualité et met très en avant l’homme et son corps. A tel point qu’ici, la nudité est plus que présente, mais avec élégance, parfois même de façon excitante. Le film met en scène l’histoire d’une rencontre, à Paris, entre Vassili, prostitué vieillissant incarné par Stéphane Rideau et un jeune garçon au charme envoûtant que joue Dimitri Durdaine. Ils deviennent amants et surtout, décident de vendre leurs charmes, seul ou à deux. Dans la quête d’un absolu, ils vont finalement en venir à voler, et plus encore, leurs clients. Ils quittent Paris pour Lyon, où ils rencontrent une ancienne amie de Vassili jouée par Béatrice Dalle avant de rejoindre la Drôme. La, chez un ancien client de Vassili, ils pensent atteindre leur paradis, mais c’est plutôt l’enfer qui les attend… Certes, Gaël Morel n’a pas tourné un film angélique, tout sucre, tout miel, bons sentiments et happy end. Bien au contraire, l’ambiance est glauque, malsaine et l’image qu’il donne ici de l’homosexualité est loin d’être la plus enjolivée. Qu’importe, il raconte le parcours, la cavale de deux garçons, paumés, sans prise avec la réalité, sans prétendre que cette histoire est universelle et que chaque gay est sensé s’y reconnaître. Qui plus est, il filme ses acteurs avec tant de passion et d’amour que leurs personnages, pourtant bien peu recommandables, en deviennent touchants, sans doute aussi grâce à la qualité de leur interprétation. Une exploration des faces les plus sombres de l’homosexualité quand elle rime avec prostitution, marginalité, un sujet que maîtrise avec talent Gaël Morel.
« Notre paradis » de Gaël Morel. Sortie le 28 septembre 2011.