« Pédé » ne serait pas un propos homophobe selon le conseil de prud’hommes de Paris

Communiqués, Communiqués 2016 — 8 avril 2016

ConseildeprudhommesLe SNEG & Co s’indigne d’un jugement rendu par le conseil des prud’hommes de Paris qui estime que le terme « pédé » utilisé par un manager pour désigner un salarié ne présenterait pas de caractère homophobe dans le contexte d’un salon de coiffure pour femmes.

En effet, dans une décision de décembre 2015, le conseil de Prud’hommes de Paris statue ainsi : « En se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le conseil considère que le terme de « pédé » employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe, car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela pose de problèmes ». 

Précédemment, l’employé alors en période d’essai avait reçu, par erreur, un texto de son employeuse le concernant dont les termes étaient les suivants : « Je ne (le) garde pas, je le préviens demain, on fera avec des itinérants en attendant, je ne le sens pas ce mec : c’est un PD, ils font tous des coups de pute ». 

Sa période d’essai ayant été interrompue le lendemain pour « insuffisance professionnelle », l’employé a saisi le conseil de prud’hommes pour licenciement abusif, soutenu par le Défenseur des droits qui estimait qu’il y avait bien eu discrimination.

Contrairement à la défense présentée par l’employeur, selon laquelle il s’agit d’un « simple abus de langage et que ce terme est entré dans le langage courant et qu’il n’a aucun sens péjoratif ou homophobe de la manager », le mot « pédé » dans un tel contexte revêt indéniablement un caractère homophobe et constitue sans conteste une discrimination car outre le caractère injurieux de l’expression,  il stigmatise une personne en raison de son orientation sexuelle présumée pour lui attribuer de prétendus défauts en raison de cette orientation sexuelle en indiquant « ils font tous des coups de pute ».

En décidant que « l’employeur n’a pas fait preuve de discrimination (…) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés », le Conseil de prud’hommes  ayant la compétence exclusive de juger des conflits entre les salariés et leurs employeurs et qui rend donc la justice au nom de la République et des valeurs qu’elle doit défendre, a manifestement  fait preuve d’une légèreté inconsidérée et sa décision, en l’état, a pour effet de banaliser aux yeux de tous les comportements homophobes, témoignages de la bêtise et de la haine ordinaires.