Priest : vampires à exterminer

Films, Le SNEG vous recommande — 11 mai 2011

« C’est une guerre éternelle. Sa mission n’est que le commencement ». Prenant le contre-pied de la mode des vampires bons et séduisants à la Robert Pattinson dans « Twilight », »Priest » nous présente un visage beaucoup moins flatteur de l’espèce, en la définissant comme la race à exterminer. A grands renforts d’effets spéciaux, de scènes d’action chorégraphiées et d’influences cinématographiques piochés dans des grands classiques, Scott Charles Stewart nous plonge dans un univers futuriste où des prêtres surentraînés font la guerre à des vampires insatiables.
Après « Légion », un pur navet, le réalisateur retrouve Paul Bettany pour son deuxième film, lui confiant à nouveau le rôle principal. On commence par une scène d’introduction sous forme de manga très violent et barbare, qui n’est pas sans rappeler la scène de flashback d’O-Ren Ishii dans « Kill Bill, volume 1 », pour nous raconter une guerre révolue qui eût lieu jadis entre humains et vampires, époque où furent créés pour les vaincre ces fameux prêtres surentraînés au combat. Les vampires ne sont désormais plus une menace, mais un prêtre va mener une quête personnelle contre l’avis de son clergé pour venir en aide à sa nièce. De rebondissements en coups de théâtre, la narration ne souffre d’aucune longueur, la personnalité et le passé de chaque personnage ayant été traités avec un certain sens du détail, les informations nous étant délivrées entre deux scènes d’action.
Les décors sont absolument magnifiques et chaque site possède son propre univers et son code de couleurs. D’abord, il y a les Cités, sortes de forteresses imprenables, où vivent enfermés les humains, dirigées par un gouvernement théocratique. Pas de président ici, mais des Monseigneur et autre Sainteté, ce qui paraît assez logique compte-tenu du thème du film. Ces Cités, où l’action ne se passe que la nuit rappelle l’ambiance de « Dark city ». C’est une ville sombre et glauque, au milieu de laquelle domine un amas de grandes tours majestueuses et illuminées. Il y a ensuite le désert, immense et aride, où domine les couleurs chaudes que la photographie s’ingénie à amplifier et dans lequel on trouve parfois un village abandonné tout droit sorti d’un western. Il y a aussi la prison des vampires, où les images ont été tournées dans des teintes bleues, très froides, comme pour rappeler au spectateur qu’ici, c’est le territoire des vampires. Et enfin, la ruche, le nid des vampires, grotte façonnée à la façon d’un nid d’abeille en alvéole, sombre et surtout très oppressante.
Une batterie d’accessoires en tout genre vient ponctuer chaque détail de l’histoire : tout prêtre qu’il est, s’il doit se battre, c’est sans arme à feu, mais néanmoins bien équipé par les bons soins du Seigneur (des étoiles de ninja sortis d’une bible ou un poignard en forme de crucifix). Des motos surpuissantes avec booster à la nitro sont les moyens de locomotion courants, auxquelles on ajoute les costumes poussiéreux d’un western et le village abandonné qu’on avait déjà et on se croirait revenu dans l’univers de « Mad Max ». Seuls les prêtres ne sont pas affublés d’un costume de cowboys mais d’une simple soutane assez classe, qui donne une certaine beauté aux scènes de combat au ralenti, façon « Matrix ».
Une parenthèse pour commenter les scènes d’action qui reprend le principe du « focusing », capacité des prêtres à percevoir l’action au ralenti pour mieux y réagir. On a récemment pu voir cette technique utilisée par un personnage dans « Green hornet » mais c’est surtout le phénomène « Matrix » qui avait mis cette technique à l’honneur. La scène finale du train, dont les cabines « habitables » ressemblent à celles de l’Orient Express, est tout simplement explosive. Quant aux méchants vampires, ils n’ont physiquement rien de très sympathiques, ce sont des bêtes aveugles, aux crocs acérés, à la peau gluante et qui se déplacent de façon concentriques. Ils n’ont absolument rien d’humains  et c’est d’une terreur savoureuse.
Pour Paul Bettany, qui joue le prêtre, c’est son premier vrai grand rôle après l’échec de « Légion ». Il incarne avec un sang-froid admirable ce prêtre dévoué à sa mission que rien ne semble atteindre mais qui est pourtant tiraillé par ses propres démons. L’autre révélation de « Priest », c’est Karl Urban qui, à l’opposé de son rôle de flic incorruptible dans « RED », joue avec beaucoup de talent le terrifiant « Black hat », sorte de Clint Eastwood démoniaque sorti du film « Le bon, la brute et le truand ». Son costume, ses yeux et son interprétation donnent  à son personnage un charisme incroyable. Autre star montante d’Hollywood, Cam Gigandet, que l’on a récemment vu dans « Burlesque » en serveur métrosexuel, incarne brillamment le shérif en quête de sa belle (eh oui, fallait bien « quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes »). Enfin, on remarquera la présence de Christopher Plummer, dans la catégorie de « celui dont on connaît le visage mais pas le nom », acteur à la longue carrière derrière lui qui interprète magistralement le « Pape » qui nie le retour de la menace vampire.
Malgré un concentré d’influences cinématographiques qui a le bon sens de ne jamais virer au plagiat, « Priest » possède suffisamment de ressources et de personnalité pour capter l’attention du spectateur. Un scénario bien ficelé, des scènes d’action esthétiques et agressives, des personnages tourmentés et attachants et un grand soin apporté aux décors, costumes et accessoires font de ce film un divertissement vampiro-fantastique dont on aurait tort de se passer. Prions pour que la suite soit aussi bonne.
Pour le SNEG, Duarte http://duartelittle.skyrock.com
« Priest » de Scott Charles Stewart. Sortie le 11 mai 2011.