Sauna le musical : apprentissage de la vie gay

Le SNEG vous recommande, Scènes — 10 octobre 2011

Sauna le musical affiche octobre 2011A peine entré dans la salle, on est envahi par les senteurs de l’eucalyptus tout à fait propres à l’atmosphère d’un sauna. Le spectacle n’a pas encore commencé que déjà le décor est planté. L’accueil est chaleureux, pas de levée de rideau magistrale, c’est une scène ouverte qui s’offre à nos yeux avec un décor sans fioriture : un banc et une colonne de casiers. Brève introduction, nous allons suivre les aventures de Benji qui découvre les joies mais aussi les déceptions de la vie au sauna.
Le spectacle commence assez sobrement, les comédiens s’installent, prennent possession des lieux et de leurs personnages. Et on découvrira au fur et à mesure de l’histoire que ce ne sont pas seulement les corps de ces quatre jeunes éphèbes qui sont mis à nu, mais aussi leurs émotions, leurs tourments et autres états d’âmes. Dans la seule ambiance d’un sauna, tous les aspects de la vie d’un gay vont être évoqués, de manière anecdotique ou beaucoup plus appuyée selon le thème. On y aborde le coming out, la solitude, la distance vis-à-vis de la famille, les rencontres sur Internet, le safe sex, le culte du corps, les pratiques plus ou moins douteuses ou encore les types de gays qui existent et évoluent au sein de la communauté gay, tels les bears par exemple. Le tout est traité avec beaucoup d’humour, de dérision, d’ironie. La caricature est hilarante tellement elle reste crédible et pointée avec justesse.
Nos quatre comédiens-chanteurs ne sont accompagnés qu’au piano… Une bonne bande musicale, travaillée avec plus d’instruments aurait pu apporter beaucoup au spectacle. A l’inverse, on profite mieux des voix des comédiens qui ont vite fait de nous faire oublier la sobriété des arrangements et l’on focalise alors plus sur leurs timbres et leurs textes que sur la musique.
Côté personnages, on découvre Benji, le héros principal, un jeune gay aussi naïf que touchant. Il découvre les avantages et les inconvénients de la vie au sauna et de la vie gay en général, guidé sur son chemin par la voix-off qui est là pour lui dire quoi faire ou ne pas faire. Ses tête-à-tête avec cet « ange-gardien » que lui seul peut entendre sont l’occasion de rire de la candeur et de l’innocence de ce personnage… Il y a ensuite le tombeur, celui à qui aucun garçon ne résiste, celui que tout le monde veut mais que seuls certains parviennent à obtenir… mais aussi celui qui derrière ses apparences d’assurance et de supériorité cache une souffrance et un énorme besoin d’amour… Troisième personnage : la folle, la diva, celui (ou celle) qui crie plus aigu que les autres. Toujours partant pour la fête et pour une partie de jambes en l’air. Il nous exposera avec beaucoup d’humour les 7 différentes formes de sexe qui existe chez le mâle. Enfin, l’hétéro refoulé : ancien gros et désormais accro de la fonte et autres haltères, il est marié et trompe sa femme avec des hommes au sauna. Il s’est construit une vie sociale correcte en apparence, mais se sent réellement lui-même au sauna, parmi ses semblables.
Ces garçons qui semblent n’être au sauna que pour le sexe finiront par tisser des liens, devenir des amis et partager des expériences propres à la vie gay. C’est drôle et touchant, les textes sont finement écrits, les jeux de mots sont très bons, même s’ils sont parfois graveleux et les références sont bien utilisées. La musique finit par nous entraîner, porté par le talent des interprètes, qui ne manquent pas d’accompagner parfois leurs chansons avec quelques pas de danse et petites chorégraphies bien orchestrées.
Les déambulations de quatre Apollon qui passent près d’une heure et demie vêtus d’une simple serviette ont de quoi émoustiller mais le plaisir d’assister à cette comédie musicale ne se limite pas à celui  des yeux. Un très bon moment dans la petite salle intimiste qu’est le théâtre Clavel, qui se prête très bien à l’ambiance de l’histoire. A ne pas manquer.
Pour le SNEG, Duarte
« Sauna, le musical » au Théâtre Clavel, 3 rue Clavel 75019 Paris, du jeudi au samedi à 21h30 jusqu’au 31 décembre 2011. Places de 15 à 20 €. Réservations : 07 60 05 17 44.