Thor : le courage est immortel

Films — 27 avril 2011

S’il n’est pas un film extraordinaire, il faut reconnaître à « Thor » (ou à raison ?) les qualités d’un film à grand spectacle et admettre qu’il est surtout là pour mettre en place une histoire et raconter comment le super-héros devient héros. Le réalisateur et acteur Kenneth Branagh sort de ses sentiers battus et après nous avoir proposé des adaptations littéraires, historiques ou théâtrales telles que « Hamlet », « Othello » ou « Henri V », que ce soit d’un coté ou de l’autre de la caméra, il s’attaque à un l’adaptation d’un comic de Marvel directement inspiré de légendes nordiques. Là où le super-héros est original, c’est qu’il possède ses pouvoirs et va en être déposséder pour devenir héros, contrairement aux autres qui ont tendance à obtenir leur pouvoir par accident (Hulk, Les 4 fantastiques, Spiderman, Iron Man…) Et c’est dépourvu de ces pouvoirs qu’il devra prouver sa valeur. Le côté « mythes et légendes » nordiques est absolument captivant et passionnant. Bien que les références et explications ne soient que peu évoquées dans le film, la mythologie semble être respectée : la présence du dieu Odin, le personnage de Thor avec son emblématique marteau… Trois des neuf royaumes sont ici présentés : Asgard, le royaume des dieux nordiques où règne Odin, père de toutes choses. Jotunheim, le désert froid des géants de glaces où règne Laufey. Et la Terre ! Oui, c’est pas très exotique… Les décors ont été travaillés avec soin, le royaume d’Asgard est tout en couleurs et somptuosité , les images de synthèse donnent un rendu absolument magnifique, on voit d’emblée qui a la main mise sur les neuf royaumes. Car par opposition à Asgard, Jotunheim est une terre où domine le bleu, le noir et règne un froid glacial, l’atmosphère est pesante et respire l’oppression et la rancoeur. La Terre est ici représenté par un village perdu dans le désert du Nouveau-Mexique et qui a tout d’une ville qui serait resté bloquée dans les années 50 : sobriété et humilité comparé au faste d’Asgard ! Mais au-delà des splendides décors, la narration empiète beaucoup sur l’action et les scènes de combats, bien qu’impressionnantes, sont bien rares. L’intrigue quant à elle est bien mince et à peine a t-on découvert les premières images du film qu’on devine qui est le méchant et quels sont ses motivations, même si la révélation de son père est, il est vrai, surprenante et bien trouvée. Mais pour sa défense, il faut aussi voir « Thor » comme l’un des épisodes d’une saga qui s’apprête à aboutir en 2012 : après « Hulk », « Iron man » qui ont déjà vu le jour, « Captain America » et « Nick Fury » qui ne devraient plus tarder, c’est l’année prochaine que sortira « The avengers », film qui réunira les quatre super-héros autour de Nick Fury au sein du S.H.I.E.L.D., une sorte d’organisation secrète qui protège le monde. Hormis Hulk, les personnages sont repris par les mêmes acteurs, les recoupements et apparitions d’un film à l’autre sont discrets mais bien là. Vous verrez d’ailleurs dans « Thor » un membre du S.H.I.E.L.D. se demander en voyant le Démolisseur si c’est une invention de Tony Stark qui n’est autre qu’Iron Man. Et si vous attendez la fin du générique, vous pourrez d’ailleurs voir un extrait de ce film à venir accompagné de la mention « Thor reviendra dans « The Avengers ». Tout ça pour dire qu’il ne faut pas voir « Thor » seulement comme un film à part entière, mais aussi comme une présentation de ce qui nous attend.
Le casting est impressionnant, à commencer par Chris Hemsworth dans le rôle de Thor, son premier grand rôle. Il est vrai qu’il en impose beaucoup avec sa carrure bodybuildé et sa gueule de gros dur, mais c’est le profil idéal pour incarner cette légende rustre et arrogant, mais aussi capable d’humanité malgré ses dons divins. A ses côtés pour le faire succomber, la charmante et turbulente Natalie Portman, qui nous prouve après « Black swan » qu’elle est une actrice qui peut tout incarner, même la simplicité et la ténacité presque enfantine du rôle de Jane. Le légendaire Anthony Hopkins, presque méconnaissable en dieu Odin, retrouve un rôle à sa mesure après la déception que fut « Le rite ». Autre jeune acteur prometteur, Tom Hiddleton, dans la peau de Loki, joue avec beaucoup de talent aussi bien la haine, la jalousie, la vengeance, la tourmente et le remords. Petit rôle, mais qui néanmoins retient mon attention, celui d’Heimdall, le gardien du Bifrost, tenu par Idris Elba, qui joue la loyauté et la rébellion avec beaucoup de mesure et de justesse.
« Thor » en tant que tel est un bon divertissement, sans pour autant être un chef d’oeuvre des films de super-héros. Mais en tant qu’élément d’une saga super-héroïque, il apparaît surtout comme une introduction et une présentation du personnage et de sa personnalité. Les fans du genre auraient « Thor » de s’en priver.
Pour le SNEG, Duarte http://duartelittle.skyrock.com
« Thor » de Kenneth Branagh. En salles.